Cette scène ressemble au genre dramatique léger et fantaisiste des parodies de foire, pur divertissement où déborde une franche gaieté, volontiers égrillarde. Ici, Beaumarchais en a gardé le goût de la farce, de la multiplication des quiproquos les moins vraisemblables, et le sens du comique verbal, des formules qui font mouche (...)
[...] À cet effet, Le Mariage de Figaro s'inscrit dans un mouvement d'idées prérévolutionnaires. Cette réflexion sur le droit préoccupe tous les philosophes des Lumières, et notamment Montesquieu ou Rousseau qui recherchent une société plus juste. La dénonciation de l'injustice a déjà eu pour porte-parole Rabelais, puisque Brid'oison est inspiré de Brid'oye (dans le Tiers Livre) et La Fontaine, dans sa célèbre fable Les animaux malades de la peste La satire de la médecine La médecine n'est pas épargnée, même si sa critique était à l'époque répandue et donc pas vraiment prérévolutionnaire. [...]
[...] La fin de la scène est jubilatoire. C'est l'apogée de la tension, atteinte avec l'opposition entre les J'ai gagné et J'ai perdu de Figaro. Véritable retournement de situation, le Comte feint de se prononcer en faveur de son valet (Que nous répond le défenseur ? qu'il veut garder sa personne ; à lui permis, lignes 120-121) avant de lui infliger une punition terrible, celle de devoir rembourser Marceline, tout en sachant que cela lui est parfaitement impossible. Il l'oblige alors à l'épouser le jour-même ! [...]
[...] Je soutiens, moi, que c'est la conjonction copulative ET qui lie 65 les membres corrélatifs de la phrase ; je payerai la demoiselle, ET je l'épouserai. FIGARO, plaidant. Je soutiens, moi, que c'est la conjonction alternative OU qui sépare lesdits membres ; je payerai la donzelle, OU je l'épouserai. À pédant, pédant et demi. Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec je l'extermine. LE COMTE. Comment juger pareille question ? 70 BARTHOLO. Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu'il y ait OU. FIGARO. J'en demande acte. BARTHOLO. [...]
[...] Beaumarchais joue alors de multiples ressources pour dynamiser la scène et créer rebondissements et effets comiques. Chacun interprète à sa guise les pièces à conviction. Les sujets polémiques s'accumulent alors : - les conjonctions de coordination et et ou : Qu'il y messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n'est pas dit dans l'écrit : laquelle somme je lui rendrai, ET je l'épouserai mais laquelle somme je lui rendrai, OU je l'épouserai ; ce qui est bien différent (lignes 51 à 54) - l'accent sur le ou donnant alors le choix entre la conjonction de coordination et l'adverbe. [...]
[...] - la ponctuation. L'absence ou la présence de virgule est également décisive : Elle y est. C'est, virgule, messieurs, ou bien je l'épouserai (ligne 86). Figaro va ensuite s'attaquer au droit, s'intéressant au contenu du contrat de mariage et aux engagements des époux (lignes 88 à 91) : FIGARO, vite . D'ailleurs, l'homme qui épouse est-il tenu de rembourser ? BARTHOLO, vite. Oui ; nous nous marions séparés de biens. FIGARO, vite. Et nous de corps, dès que mariage n'est pas quittance. [...]
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