Cette scène est donc un monologue de Figaro, premier face-à-face entre le spectateur et un des protagonistes de l'histoire, amenant la découverte de sa personnalité et de ses ambitions. Forme essentielle de l'échange théâtral, il suppose un destinataire présent et muet (le spectateur) et permet d'assister à une division interne du personnage qui s'adresse à lui-même (monsieur Figaro, ligne 15) et à la présence d'un autre à l'intérieur du discours (...)
[...] Le monologue de Figaro est extrêmement riche en figures de style et son langage déchiffre le discours des autres (et notamment du Comte), expliquant la matière polémique des paroles. Un homme volontaire Ce monologue suggère un homme volontaire et entreprenant qui n'accepte pas la fatalité, ce que le texte met en évidence par : - la valorisation du connecteur d'opposition mais, placé en début de phrase (Mais, Monseigneur, il y a de l'abus, ligne 10). Il témoigne du refus de Figaro et de sa révolte contre la puissance de son maître. [...]
[...] Resté seul, Figaro comprend alors que le Comte l'a nommé courrier de dépêches à Londres afin de le remplacer auprès de Suzanne pendant ses absences. Grâce au monologue de Figaro, le lecteur a connaissance de sa pensée et de ses sentiments alors que le valet se devait de les retenir pendant les révélations de Suzanne. Cet artifice théâtral permet de participer à l'exposition de la pièce en précisant la crise et les enjeux de l'action dramatique, mais surtout d'avoir un contact privilégié avec le personnage principal de la pièce qui se dévoile ainsi à travers sa parole. [...]
[...] Elle fait partie d'une trilogie, apparue en 1775 avec la comédie Le Barbier de Séville (Figaro, grâce à des ruses, réussit à unir le Comte d'Almaviva et Rosine) et achevée en 1792 par le drame sérieux La Mère coupable (la Comtesse est la mère coupable d'avoir conçu un fils dans une relation adultère avec Léon d'Astorgas, qui n'est autre que le Chérubin du Mariage). Chef-d'œuvre du théâtre français, cette pièce est considérée, par sa dénonciation des privilèges archaïques de la noblesse, comme l'un des signes avant-coureurs de la Révolution française. [...]
[...] Dans sa colère, Figaro n'en reste pas moins lucide. À partir du moment où Figaro marque une pause (Je veux t'apprendre à clocher devant les boiteux ; je veux , ligne il va décider de répondre à la violence qui lui est faite par la ruse, sachant que son statut social ne lui laisse comme artifice que sa malice. On est bien loin là du valet asservi et bête, Figaro se distingue des autres personnages, notamment Bazile (fripon, mon cadet), par son intelligence. [...]
[...] Cette pièce est porteuse d'un changement d'époque. Elle est réellement la manifestation écrite de la transformation de la pensée du XVIIIe siècle. Non content de réaliser la simple critique d'un maître, ce texte relativise et rend compte au spectateur de l'image d'une société modifiée par un large mouvement de fond, où les acquis sociaux, les préjugés et les complexes des valets vis-à-vis de leurs maîtres tendent à disparaître. [...]
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