Conformément au goût du spectacle visuel prononcé du XVIIIe siècle, le décor est abondamment précisé par la didascalie inaugurale. Depuis la pièce précédente, Le Barbier de Séville, le spectateur sait que les personnages évoluent dans le château d'Aguas-Frescas, près de Séville, en Espagne. Beaumarchais le rappelle avec le nom à consonance hispanique du châtelain : le comte Almaviva (ligne 31). Ce simple subterfuge, transposant la pièce hors de l'hexagone, et plus précisément en Espagne, lui permet d'éviter la censure lorsqu'il dénoncera le droit du seigneur (ligne 45) (...)
[...] D'emblée, le lecteur sait que c'est le matin des noces (ligne de Figaro et Suzanne : c'est un début in media res. Nouveauté théâtrale pour l'époque, la pièce commence par le mariage, qui sera même le centre de l'intrigue. De plus, autre nouveauté se démarquant des comédies classiques c'est le mariage des valets et non des maîtres. Cependant, il y a un obstacle puisque le mariage ne peut avoir lieu sans l'accord du Comte. Or celui-ci a des vues sur la future mariée que Bazile, le maître de clavecin de la Comtesse, maître à chanter de Suzanne et entremetteur du Comte, est chargé de favoriser. [...]
[...] Apprends qu'il la destine à obtenir de moi secrètement, certain quart 45 d'heure, seul à seule, qu'un ancien droit du seigneur . Tu sais s'il était triste ! FIGARO. Je le sais tellement, que si monsieur le Comte, en se mariant, n'eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t'eusse épousée dans ses domaines. SUZANNE. Eh bien, s'il l'a détruit, il s'en repent ; et c'est de la fiancée qu'il veut le racheter en secret aujourd'hui FIGARO, se frottant la tête. Ma tête s'amollit de surprise, et mon front fertilisé SUZANNE. [...]
[...] Ne le frotte donc pas ! FIGARO. Quel danger ? SUZANNE, riant. S'il y venait un petit bouton, des gens superstitieux . FIGARO. Tu ris, friponne ! Ah ! s'il y avait moyen d'attraper ce grand trompeur, de le 55 faire donner dans un bon piège, et d'empocher son or ! SUZANNE. De l'intrigue et de l'argent, te voilà dans ta sphère. FIGARO. Ce n'est pas la honte qui me retient. [...]
[...] Beaumarchais le rappelle avec le nom à consonance hispanique du châtelain : le comte Almaviva (ligne 31). Ce simple subterfuge, transposant la pièce hors de l'hexagone, et plus précisément en Espagne, lui permet d'éviter la censure lorsqu'il dénoncera le droit du seigneur (ligne 45). Le décor est celui d'une chambre à demi démeublée, offerte par le Comte aux deux futurs époux. L'adjectif démeublée, volontairement dépréciatif, suggère déjà l'intrigue à venir. Bien que rustique, il est fortement symbolique : - la chambre se trouve entre les appartements du Comte et de sa femme (qui tient le milieu des deux appartements, ligne rappelant qu'à cette époque il était fréquent de séparer les chambres des époux à des fins de confort. [...]
[...] Figaro avait aidé le comte Almaviva à épouser Rosine dans Le Barbier de Séville. Droit du seigneur : les filles nées sur le domaine d'un seigneur lui appartenaient d'abord (ce qu'on appelle plus familièrement le droit de cuissage Le Droit du seigneur est le titre d'une comédie de Voltaire qui a pu inspirer Beaumarchais. Le racheter : par la dot promise. Front fertilisé : les cornes, qu'on attribue aux maris trompés, vont lui pousser. Suzanne chantonne. Rêve : pense. Je t'en souhaite : Je te le souhaite ! [...]
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