I- Figaro, un personnage en apparence voué à l'échec
1- Les métiers de Figaro
Après une évocation de sa naissance, qui tient lieu d'introduction « Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de je ne sais qui (...) moeurs », Figaro évoque successivement ses études « J'apprends la chimie, la pharmacien la chirurgie » et son premier métier de vétérinaire, puis son expérience d'auteur dramatique « je me lance à corps perdu dans le théâtre » ; son entrée dans la politique à travers la rédaction d'un essai d'économie « j?écris sur la valeur de l?argent et sur son produit net », enfin, sa tentative de créer un journal « j'annonce un écrit périodique ».
Chacune de ses étapes de sa vie s'achève sur un échec : un métier dévalué « las d?attrister les bêtes malades », une pièce interdite « me fussé-je mis une pierre au cou ! (...) et voilà ma comédie flambée », un séjour en prison « Mes joues creusaient », « sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort », un journal censuré « je vois s?élever contre moi mille pauvre diable à la feuille, on me supprime ».
Toutes ces étapes énumérées sembleraient à première lecture nous laisser penser que Figaro est le personnage même de l'échec.
Cependant c'est peut-être à travers tous ces échecs qu'il trouve finalement un sens à sa vie. (...)
[...] Elle est le moyen qu'a utilisé Beaumarchais pour éviter à son tour dans sa pièce la censure et faire ressortir à travers le personnage de Figaro toutes les critiques qu'il éprouve envers la société de son siècle. Cette ironie se remarque à différents niveaux , le principal concerne la liberté d'expression : il s'est établit ( ) un système de liberté ( ) ni ( )je puis tout imprimer librement sous l'inspection de deux ou trois censeurs journal inutile ces différents exemples montre bien par l'énumération négative associée aux termes liberté et librement que Beaumarchais souligne justement l'absence totale de liberté. [...]
[...] ) et comme il faut dîner, quoique l'on ne soit plus en prison pendant ma retraite économique montrant la prison non plus comme une punition mais comme un passage obligé pour certaines personnes leur permettant ainsi de se reposer ! Conclusion Cet extrait illustre la fonction contestataire de la littérature et plus précisément du théâtre pendant le siècle des Lumières. Figaro n'est pas ici seulement un personnage de théâtre, il est le porte-parole politique de l'auteur, il parle avec une éloquence qui est celle d'un philosophe des Lumières plus que d'un concierge de château. [...]
[...] ( ) et voilà ma comédie flambée , un séjour en prison Mes joues creusaient , sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort un journal censuré je vois s‘élever contre moi mille pauvre diable à la feuille, on me supprime . Toutes ces étapes énumérées sembleraient à première lecture nous laisser penser que Figaro est le personnage même de l'échec. Cependant c'est peut-être à travers tous ces échecs qu'il trouve finalement un sens à sa vie. [...]
[...] Les limites, enfin, de la liberté d'expression, sont aussi soulignées: l'expérience de Figaro dans le journalisme est l'occasion pour Beaumarchais de décrire le mécanisme par lequel les privilégiés (énumération) ou au contraire les pauvres diables de journalistes menacés par la concurrence constituent un formidable réseau d'intérêts faisant pression sur le roi et les censeurs pour empêcher la libre expression des idées. Mais afin de critiquer toutes ces cibles Beaumarchais à travers le personnage de Figaro a utilisé un moyen efficace. Le moyen L'ironie se remarque à travers tout l'extrait. [...]
[...] Ceci se remarque à travers la récurrence de la syntaxe énumérative : à quatre reprises, cette fatalité de l'échec est exprimée par le retour de longues énumérations décrivant les efforts de Figaro ou les obstacles auxquels il s'est heurté : j‘apprends ( ) la chirurgie se plaint que j'offense dans les vers la Sublime Porte ( )de Maroc pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité ( ) je puis tout imprimer librement . Ces énumérations, de plus en plus développées, hyperboliques, invraisemblables créent un effet comique. De plus, la récurrence de procédés d'opposition ou de conséquence destinés à créer des effets de chute vient insister sur la fatalité : les trois premiers passages énumératifs se concluent par un et avec le sens de et pourtant ou de et ainsi suivi d'un court membre de phrase résumant l'échec. Dans le quatrième, c'est l'interjection Po-ou ! qui joue le même rôle. [...]
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