C'est celui qui confronte le poète et tout naturellement la narration est alors au présent (vers 1, 2, 5, 6, 9 à 16, 29 à 32 et 42 à 52). Elle décrit le constat d'une mort dont le lecteur ne sait pas immédiatement que c'est un crime : "Ma femme est morte" (vers 1), mais dont il se doute de l'étrangeté puisqu'elle semble ravir le narrateur ("je suis libre !",vers 1 ; "je suis heureux", vers 5) en mettant l'accent sur sa liberté soudaine de boire ("Je puis donc boire tout mon soûl", vers 2) (...)
[...] C'est donc la liberté du locuteur qui est dominante et perpétue la narration au présent. De fait, les trois derniers quatrains (vers 41 à 52) expriment sa joie d'être libre et solitaire (vers 41). L'action dramatique prend alors une autre dimension : le mari assassin ivre mort (vers 42) se couche sur la terre (vers indifférent au chariot qui peut l'écraser (vers 46-47). Déjà suggéré vers 43 (sans peur et sans remords), c'est l'expression de son athéisme absolu qui finalise tous les thèmes de cette narration au présent, et le poème lui-même, par un groupe ternaire : Je m'en moque comme de Dieu, / Du Diable ou de la Sainte Table ! [...]
[...] Nous avions un été semblable Lorsque j'en devins amoureux ! L'horrible soif qui me déchire 10 Aurait besoin pour s'assouvir D'autant de vin qu'en peut tenir Son tombeau ; - ce n'est pas peu dire : Je l'ai jetée au fond d'un puits, Et j'ai même poussé sur elle 15 Tous les pavés de la margelle. - Je l'oublierai si je le puis ! Au nom des serments de tendresse, Dont rien ne peut nous délier, Et pour nous réconcilier 20 Comme au beau temps de notre ivresse, J'implorai d'elle un rendez-vous, Le soir, sur une route obscure. [...]
[...] (vers 27) et le lecteur se demande alors s'il s'agit du vin ou de la femme. Aussi, le narrateur ne s'étonne-t-il pas d'être incompris : Nul ne peut me comprendre (vers 29). L'enchevêtrement des thèmes Progressivement, alors que le début du poème assimile le vin à une source de joie, il va devenir une source de crime, et par là, une raison de mourir, instrument même de la mort volontaire, du suicide : À faire du vin un linceul (vers 32). [...]
[...] On est alors proche d'aimer boire à en mourir ! La périphrase Cette crapule invulnérable (vers 33) cristallise cet enchevêtrement : le vin ? la femme ? la mort ? Elle réunit tous les ingrédients de la vie pour générer une nouvelle force : celle de mourir volontairement, irrespectueux de la vie et de son créateur. Ce mélange imagé du thème de l'amour immodéré pour le vin et de celui de la mort volontaire et irrespectueuse aboutit à des images riches de sens : le tombeau plein de vin (D'autant de vin qu'en peut tenir / Son tombeau, vers 11-12), un cortège infernal d'alarmes, de poison, de bruits de chaîne et d'ossements (vers 38 à un ivrogne couché comme un chien et qui attend , désire une mort atroce en insultant le ciel (vers 44-45 Conclusion Le Vin de l'assassin est particulièrement emblématique de ce mal de vivre du poète. [...]
[...] Désirée par Baudelaire, cette ambiguïté présente l'intérêt de mélanger des thèmes différents et parfois contraires, et seul le titre indique explicitement que le locuteur est l'assassin de sa femme. Le thème de l'amour Le thème de l'amour est celui d'un sentiment révolu ayant conduit au crime et, de façon tout à fait logique, la narration s'en fait au passé (vers et 8 et de 17 à 28). Même si dès les vers le poème rend compte d'une relation maritale difficile en raison du vin (Lorsque je rentrais sans un sou, / Ses cris me déchiraient la fibre), l'histoire se rapporte rapidement à un passé heureux, celui du début de cet amour : Nous avions un été semblable / Lorsque j'en devins amoureux ! [...]
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