Les cinq quatrains d'alexandrins présentent d'une façon imagée et morbide, qui insiste sur les notations visuelles et auditives, les manifestations successives d'un mal physique, lui-même symptomatique d'une profonde souffrance intérieure = crise d'angoisse.
La structure originale du texte, dans lequel la syntaxe se trouve exactement aux étapes de la crise, souligne la volonté de l'auteur de décrire sur le vif la montée progressive de l'horreur et du désespoir.
I) La montée de l'angoisse (ou l'installation du spleen) = Strophes 1 à 3.
1. La syntaxe du poème
Les trois premiers quatrains sont constitués d'une série de cinq propositions subordonnées conjonctives, compléments circonstanciels de temps, dont l'énumération est soulignée par l'anaphore de quand (vers 1, 5, 9) et par la reprise de et que (vers 3 et 11). Cet ensemble de propositions subordonnées précise les circonstances génératrices du spleen. Trois étapes (le ciel, la terre, la pluie) qui soulignent l'aggravation de la crise. Réduction progressive de l'espace pour aboutir à une pression ; climat de pesanteur, oppression.
[...] L'installation du spleen se caractérise enfin par l'évocation d'animaux répugnants et sordides
- l'allégorie de l'Espérance est réduite à néant par la comparaison (animalisation) avec une chauve-souris, dans la strophe 2. Image dérisoire et sordide (cynisme de Baudelaire) : animal nocturne et aveugle, impuissant (battant... de son aile timide, se cognant la tête), piégée dans un cachot sordide. L'Espérance, emprisonnée, est décrite dans une situation de lutte inutile pour recouvrer sa liberté perdue. La ponctuation crée un rythme particulier : saccades et ruptures à l'image du vol de la chauve-souris (le vers 6 n'est pas régulier 5+7 ; après la césure, comparaison qui prend 2,5 vers). Les articulations des gutturales et des dentales (battant, cognant, timide, tête) soulignent une succession de chocs contre les obstacles (...)
[...] Dans la strophe le nouvel élément dénaturé est la pluie. La première proposition subordonnée, complément circonstanciel de temps, marque une nouvelle étape dans l'envahissement de l'univers extérieur et intérieur du poète. L'effet de rallongement par l'enjambement du vers 9 sur le vers 10 accentue l'image des immenses tramées et reprend l'idée d'un emprisonnement déjà exprimée dans les strophes 1 et 2 : comparaison avec une prison (champ lexical : prison, barreaux). L'humidité, présente dans chaque strophe (ciel lourd, verse, humide, pourris, pluie, traînées), trouve son achèvement ici Le bestiaire L'installation du spleen se caractérise enfin par l'évocation d'animaux répugnants et sordides - l'allégorie de l'Espérance est réduite à néant par la comparaison (animalisation) avec une chauve-souris, dans la strophe 2. [...]
[...] II La crise et la défaite 1. L'explosion de la crise = apogée du texte, strophe 4 Cette strophe constitue l'apogée du texte sur le double plan - de la syntaxe : proposition principale attendue après trois propositions subordonnées - et du contenu : aboutissement de la détérioration progressive, éclatement après enfermement. On peut noter différents éléments caractéristiques de cette explosion : - insistance sur la brutalité, la violence du déchaînement, marqué à la fois par l'adverbe de temps {tout à coup), par les bruits, les hallucinations auditives {cloches, affreux hurlements, geindre), par les mouvements (sautent avec furie), par le rythme (accumulation de mots monosyllabiques et dissyllabiques dans le vers 13) - insistance sur le caractère quasi hystérique de la scène : lexique de Sa folie (furie, affreux hurlement), effet de décalage (cloches sautent : horreur du bruit, surprise devant mouvement incontrôlé), sonorités discordantes. [...]
[...] Image dérisoire et sordide (cynisme de Baudelaire) : animal nocturne et aveugle, impuissant {battant . de son aile timide, se cognant la tête), piégée dans un cachot sordide. L'Espérance, emprisonnée, est décrite dans une situation de lutte inutile pour recouvrer sa liberté perdue. La ponctuation crée un rythme particulier : saccades et ruptures à l'image du vol de la chauve-souris (le vers 6 n'est pas régulier 5+7 ; après la césure, comparaison qui prend 2,5 vers). Les articulations des gutturales et des dentales (battant, cognant, timide, tête) soulignent une succession de chocs contre les obstacles. [...]
[...] On est passé d'un contexte matériel, la prison, au plus profond de l'être {au fond de nos cerveaux) qui se trouve atteint dans ses forces intellectuelles. Cette image clôt un mouvement descendant : du ciel jusqu'aux cerveaux. On remarque ainsi dans les trois strophes une très étroite imbrication entre l'extérieur, générateur de malaise physique (pesanteur, rétrécissement du ciel et de l'horizon, modification de la terre, fermeture de l'environnement, invasion de l'obscurité) et l'état d'âme du poète (esprit diminué, espoir emprisonné, faculté de raisonner annihilée). Le spleen touche à la fois le corps, l'esprit et l'âme. [...]
[...] L'esprit, personnifié, est caractérisé par sa situation de victime {gémissant, en proie aux longs ennuis). = premier rétrécissement de l'espace, enfermement vertical (par le haut). - la deuxième proposition de temps (vers 3 et marque une aggravation (et que de l'horizon embrassant tout le cercle) de l'idée d'emprisonnement : passage de la verticalité (ciel, couvercle) à l'horizontalité, horizon réduit à un cercle : deuxième rétrécissement de l'espace. De plus l'horizon est fermé par l'absence de lumière. L'obscurité, qui contamine tout, est soulignée par l'oxymore et la comparaison négative : Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits. [...]
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