Baudelaire, "Spleen LXXVII" : commentaire

Résumé du document

Commentaire semi-rédigé niveau Lycée du poème Spleen LXXVII de Charles Baudelaire : ce poème décrit mieux que n'importe quel autre cette crise morale qui atteint le poète, victime d'un emprisonnement, d'une angoisse permanente et d'une sensibilité particulière.

Extraits

[...] Le Spleen entraîne l'apparition de crises qui bouleversent le poète et l'enfoncent encore plus profondément dans son désespoir. La montée de l'angoisse 1 Structure syntaxique -le poème est constitué de cinq quatrains, soit vingt vers. Il n'y a que deux phrases, la première décrivant la montée de l'angoisse et la crise du poète, et la deuxième décrivant son abattement complet. -la longue protase (partie ascendante) de la 1ère phrase annonce cette montée comme la mer montant sur le roc noir et nu -anaphore majeure : quand quand quand accompagnés de et répétition, alourdissement sur douze vers -pour confirmer l'effet de pesanteur, assonance en sons nasaux et traînants, tels que en et on v2/3, Un univers effrayant -la crise pourrait survenir en hiver ou en automne, il n'y a pas de lumière. [...]

[...] -ciel bas : orageux et menaçant. pluie s'étend partout, cachot humide -à chaque quatrain correspond l'arrivée d'un élément de l'univers selon la vision aristotélicienne : le ciel = l'air, la terre = terre, la pluie = eau ; il manque le feu, qui représente la vie, la joie, la passion. Rien de tout cela, univers glacé. -bestiaire morbide et lugubre : -allégorie de l'espérance, incarnée par une chauve-souris. Etonnant, on imagine plutôt un oiseau. Ici, c'est un animal craintif, repoussant, nocturne -araignées accompagnées de l'adjectif infâmes : hideux, répugnant Un emprisonnement -on assiste à un rétrécissement de l'espace, au fur et à mesure des quatrains. [...]

[...] La crise ressemble étrangement à une crise due à des drogues ; Baudelaire en consommait (éloge du haschich) notamment pour se délivrer des souffrances et pour fournir de nouvelles images hors du commun. Conclusion : Le poète est atteint par le spleen, rate en anglais, mauvaise bile, mélancolie poussée à outrance, sans cause apparente et caractérisée par le dégoût de toute chose. L'absence de lumière, d'espérance, le froid (déploré dans Poème à une malabaraise), la tristesse, l'utilitarisme destructeur, l'ennui, ce monstre délicat en sont néanmoins pour quelque chose et le malaise moral provoque un mal physique et des crises très bien décrites dans ce poème. [...]

[...] Comparaison prosaïque avec un couvercle. -seule apparition du poète dans cette protase : métonymie esprit Un participe présent le caractérise gémissant + ennuis = souffrance, torture. -nous voilà maintenant limités à une prison, l'enfermement est explicitement exprimé : cachot humide murs plafonds pourris qui bornent le vol de l'espérance. Celle-ci butte contre ces obstacles : battant les murs se cognant la tête -reprise du thème de la prison, avec le champ lexical adéquat : barreaux, prison -l'intimité du poète, ce qu'il a de plus profond, son âme elle-même est envahie et prisonnière de bêtes morbides, infâmes : les filets La crise du poète 1 Une double crise -au quatrième quatrain correspond l'acmé de la 1ère phrase, et son apodose. [...]

[...] -allitération en s qui suit l'apparition de l'Angoisse, elle aussi allégorie et accompagnée de deux adjectifs : atroce, despotique -soumission de l'espoir et de l'esprit : vaincu, pleure, incliné -conquête ultime de l'Angoisse : plante son drapeau noir -le dernier mot est noir qui représente bien le ton du poème. Du mal physique au malaise moral : correspondances et discordances de ton -la longue montée de l'angoisse marque des étapes, des progrès dans cette triste progression. Elle affecte tous les éléments traditionnels -ce malaise physique est mêlé au malaise moral, l'« ennui le spleen, le sujet principal du recueil que nous livre Baudelaire. Ainsi, ce mal-être hérité des romantiques se transforme en état pathologique. [...]