La femme présentée par les quatrains de ce poème est abondamment décrite par l'auteur, témoignant son désir :
- dès les premiers vers, la description fait intervenir une multitude de qualificatifs mélioratifs mettant en valeur la supériorité de cette femme. Ainsi, Baudelaire la présente avec des expressions comme "Bizarre déité" (vers 1) qui en souligne le caractère divin d'autant qu'ouvrant le poème, "brune comme les nuits" (vers 1) (...)
[...] Le titre également, avec sa traduction Jamais satisfaite peut alors être entendu dans son sens véritable. Enfin, en la surnommant enfant des noirs minuits (vers référence à l'heure du plaisir sexuel par excellence, et en faisant référence à Proserpine (Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine, vers déesse romaine des saisons, l'auteur fait allusion à la tendance homosexuelle de cette femme (rappelant alors Jeanne Duval qui eut, au moins épisodiquement, des amitiés féminines) et accentue sa sensation d'impuissance en avouant ne pas être une femme. [...]
[...] Conclusion Sous une apparence classique et un titre liturgique Sed non satiata témoigne un poète provocateur, jouant avec la censure, et moderne, modifiant les conventions classiques. En effet, s'il traite les thèmes courants en poésie de la femme et de l'amour, paradoxalement il en donne une image satanique. Liberté d'écriture licencieuse qui, à l'époque, motiva la condamnation de certaines Fleurs du Mal pour outrage à la morale religieuse mais qui, de nos jours, révèle pleinement l'art de ce poète maudit et pas toujours compris de son temps. [...]
[...] - la couleur sombre de sa peau, affirmant une origine des îles, est également une référence exotique. Elle n'est pas dite noire mais le champ lexical de cette couleur est omniprésent : brune (vers mis en valeur à l'hémistiche coupé fortement par une virgule ; obi (vers sorcier noir ; ébène (vers bois noir très dur mis en valeur par son opposition à flanc ; noirs minuits (vers et deux grands yeux noirs (vers ; conforté par un jeu de mots avec le vin de Bourgogne (au nuits, vers 5). [...]
[...] Le titre définitif, trouvaille qui est attribuée au critique littéraire Hippolyte Babou (1824-1878), repose sur l'oxymore que Charles Baudelaire a tenu à entretenir durant toute sa vie littéraire. En effet, il considère la nature comme laide, par définition et la beauté comme artificielle. Il inclut ainsi la modernité comme motif poétique et rompt avec l'esthétique classique. La première des six sections, intitulée Spleen et idéal, est de loin la plus fournie, ne comptant pas moins de quatre-vingt-cinq poèmes. Elle constitue une forme d'exposition : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. [...]
[...] - puis, il avoue la préférer à de nombreuses drogues, paradis artificiels comme le constance (vin exotique du Cap, en Afrique du Sud), l'opium, aux nuits (vin capiteux de Bourgogne). Il révèle ainsi un véritable envoutement et une dépendance féminine à laquelle il ne peut échapper, notions que suggèrent le terme Sorcière (vers 4). Majorée par l'exotisme Cette célébration est également majorée par son synonyme d'exotisme avec : - des références géographiques éloignées, comme le parfum mélangé de musc et de havane (vers sécrétions odorantes, synonymes même d'exotisme suggérant une femme sauvage. Cet éloignement est conforté par d'autres références telles que savane (vers et ébène (vers 4). [...]
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