Sous le couvert de l'aura liturgique du titre, Baudelaire donne à son poème l'apparence d'une prière. En effet, le titre reprend les premières paroles latines du psaume 130 de la Bible, récité lors de la prière des morts : "De profundis clamavi ad te, Domine" (Des profondeurs, je criais vers Toi, Seigneur). Dès lors, le lecteur comprend le caractère funèbre de cette prière (...)
[...] En effet, le titre reprend les premières paroles latines du psaume 130 de la Bible, récité lors de la prière des morts : De profundis clamavi ad te, Domine (Des profondeurs, je criais vers Toi, Seigneur). Dès lors, le lecteur comprend le caractère funèbre de cette prière. Le lexique religieux Comme cela vient d'être évoqué, le titre lui-même est une référence religieuse. Le premier hémistiche du vers inaugural (J'implore ta pitié), avec son champ lexical de la religion omniprésent, conforte la parole de l'auteur. [...]
[...] L'unité de temps semble bien être celle de Saturne, planète si chère à Verlaine et tutélaire des mélancoliques, qui a l'époque d'écriture du poème était vue comme la planète la plus lente du système solaire, froide, sèche et maussade (c'est du reste pour ces raisons que, dès le XVIème siècle, s'est développée l'idée selon laquelle les poètes, créateurs tourmentés et minés par le désarroi et l'inquiétude, étaient nés sous le signe de Saturne, alors consacrée planète de la mélancolie Il est donc tout à fait légitime que Baudelaire ait ici récupéré cette tradition. - Une chute stratégique Tout à fait judicieusement, le dernier vers du poème, par la mélancolie qu'il suggère, est remarquablement stratégique : Tant l'écheveau du temps lentement se dévide ! Il exprime la souffrance due à l'ennui et à la lenteur du temps qui s'écoule. Baudelaire reprend là le thème de la pesanteur du temps, démesurément long quand le poète n'est pas productif. [...]
[...] Conclusion Baudelaire réussit l'exploit de faire un poème sur le vide et l'ennui. L'exploitation de la forme du sonnet est remarquable, mise au service du néant avec un appauvrissement des sonorités, une versification suggestive, un appauvrissement des rimes et des enjambements. De plus, il faut y adjoindre le faux retournement à la jonction entre quatrains et tercets ainsi qu'une chute très réussie. Enfin, le paysage décrit rappelle Saturne, référence à la tradition littéraire qui, depuis le XVIème siècle, la consacrait planète tutélaire des mélancoliques ! [...]
[...] En effet, il considère la nature comme laide, par définition et la beauté comme artificielle. De profundis clamavi fait partie de la première des six sections, intitulée Spleen et Idéal, qui constitue une sorte de forme d'exposition au recueil Les Fleurs du Mal : c'est le constat du monde réel tel que le perçoit le poète. XXVIIIème poème de la première édition (1857), il emprunte la forme classique du sonnet bien que s'en écartant quelque peu. L'auteur va s'adresser à un pronom personnel ambigu et faire référence à un lieu atroce, exprimant alors sa mélancolie, ce mal commun à tous les poètes maudits L'apparence d'une prière Sous le couvert de l'aura liturgique du titre, Baudelaire donne à son poème l'apparence d'une prière. [...]
[...] L'éclatement partiel du schéma rimique, notamment avec les rimes différentes des deux tercets (schéma classique : ABBA ABBA CCD EED) et leur disposition (schéma du poème : ABBA CDDC EE FF trahit une volonté du poète de se dégager des règles strictes du sonnet marotique. Même la versification l'individualise, étant fondée sur le vide. On relève ainsi : - des négations omniprésentes Outre l'insistance sur le manque, soulignée par la répétition de la négation ni quatre fois au vers la description du lieu est paradoxale. Le précisant habituellement par une accumulation de détails, elle ne fait ici qu'estomper progressivement le décor au fur et à mesure du poème. [...]
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