La volonté de Baudelaire, quand il choisit la prose pour son recueil Le Spleen de Paris, est d'utiliser une langue souple (plus que le vers qui introduit des contraintes linguistiques) qui s'adapte le mieux possible au sujet qu'il évoque. Ce respect de l'objet poétique, cette volonté de l'approcher de près et de rendre compte de tous ses aspects, sont également traduits par l'attitude physique du poète, qui en se promenant, se montre disponible à la rencontre de son sujet : la ville (...)
[...] Le XIXème siècle est celui des révolutions industrielles. L'industrie, les progrès matériels, la vitesse sont considérés comme des créations artificielles, et la poésie, sensée représenter un havre de pureté de la langue et des émotions, se refuse de traiter de ce qui fondamentalement s'oppose à la nature. Baudelaire lui, rompt avec cette tradition, et à une poésie du passé ou de l'idéal, va opposer une poésie du présent et du réel. Le poète promeneur, aux prises avec le quotidien, est alors à opposer au poète tel que le présente Lucrèce suave mari magno qui domine le monde et les hommes, et leur représente un monde idéal . [...]
[...] Le poète promeneur des Petits Poèmes en Prose n'est pas un observateur minutieux et immobile. Baudelaire dans le second chapitre du Salon de 1859 dénonce la photographie, simple copie du réel, et se désole que le peintre [devienne] de plus en plus enclin à peindre, non pas ce qu'il rêve, mais ce qu'il voit Il s'oppose donc à une conception réaliste de l'œuvre, et en appelle à l'imagination des artistes : au lieu de se poster devant un objet et de le décrire fidèlement, le poète du Spleen se promène dans la ville, à la recherche de l'objet poétique. [...]
[...] La promenade dans les Petits Poèmes en Prose de Baudelaire La volonté de Baudelaire, quand il choisit la prose pour son recueil Le Spleen de Paris, est d'utiliser une langue souple (plus que le vers qui introduit des contraintes linguistiques) qui s'adapte le mieux possible au sujet qu'il évoque. Ce respect de l'objet poétique, cette volonté de l'approcher de près et de rendre compte de tous ses aspects, sont également traduits par l'attitude physique du poète, qui en se promenant, se montre disponible à la rencontre de son sujet : la ville. [...]
[...] Sont donc réhabilitées l'imagination et la rêverie. La promenade est un contact superficiel avec le monde, qui ne sert qu'à faire s'effleurer un homme et le réel qui l'entoure ; c'est une propédeutique au travail de l'imagination, qui va combler la distance entre ces deux pôles et combler le vide de l'incertitude avec des hypothèses. La promenade est le comportement privilégié par un poète qui veut redonner toute son importance à l'imagination (contrairement à l'auteur réaliste qui se veut scientifique, et qui opprime son imagination au profit de la réalité des choses). [...]
[...] Dans son Salon de 1859, déjà cité ci-dessus, Baudelaire se plaint que le goût exclusif du Vrai opprime et étouffe le goût du Beau (in Le public moderne et la photographie La vérité n'est pas la beauté, et les auteurs qui se contentent de copier le dictionnaire qu'est la nature se contentent de peindre l'univers sans l'homme (in Le gouvernement de l'imagination Accorder peu d'importance au vrai revient donc à redonner toute son importance au regard de l'homme. Qu'est-ce qui est le plus important ? ce qui est ou ce qu'on voit du réel ? C'est à cette question que Baudelaire répond à la toute fin des Fenêtres : Peut-être me direz-vous : Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidée à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ? [...]
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