Malgré une composition de deux quatrains et deux tercets, ce poème n'est pas un sonnet. En effet, il est traité dans une tonalité typiquement baudelairienne. Empruntant la forme du sonnet, il la modifie néanmoins :
- la métrique alterne les vers pairs et impairs, alexandrins et pentasyllabes,
- les rimes des deux quatrains sont différentes,
- (...)
[...] Ainsi, Baudelaire a célébré la peinture dans Les Phares la sculpture dans La Beauté (XVII) et donc ici la musique. Il rend compte de la manière dont il ressent l'audition d'un morceau de musique, que l'on pourrait parfaitement attribuer à Richard Wagner qui a souvent suscité son admiration et dont Mallarmé, contemporain et ami de Baudelaire, écrivait dans Divagations : La musique rejoint le vers pour former, depuis Wagner, la poésie. Pour permettre au lecteur d'entrer dans sa sensation auditive, Baudelaire recourt à la métaphore filée du flot musical qui structure le texte. [...]
[...] Ils abolissent la distinction de rythme entre les alexandrins et les pentasyllabes, bien qu'elle soit cependant évocatrice visuellement du mouvement des vagues, avec le flux et le reflux. Le navire, et donc le poète, se déplace sur une mer animalisée (J'escalade le dos, vers assimilée à une matière solide (des flots amoncelés, vers dont il va faire l'ascension avant d'affronter l'immense gouffre (vers rappel du caractère imaginaire de ce voyage où la tempête ne présente pas des tourbillons mais des convulsions (vers 11) et où les abîmes sont ceux du cœur. [...]
[...] Un morceau de musique De fait, le poème est composé à l'instar d'un morceau de musique et permet de retrouver trois mouvements : - une ouverture très brève. C'est la phrase exclamative du vers 1. - un développement central passionné : vers 2 à 13. - une clausule brutale , phrase nominale sans verbe (vers 13-14), rappelant ainsi le silence du spectateur lorsque la musique s'achève. De plus, le rythme du poème permet de noter la similitude des trois premières strophes, bruyantes, opposée à la dernière qui les reflète en les inversant. [...]
[...] Cette forme est en adéquation avec ce que Baudelaire veut plaindre. II- La vaste métaphore du flot musical Un comparé quasi absent Immédiatement, le caractère métaphorique de ce poème s'impose. Au lieu d'analyser la musique qu'il écoute, Baudelaire permet au lecteur d'entendre, par le rythme et les sonorités, et de voir, à travers la métaphore filée du flot musical qui l'emporte. Paradoxalement, le comparé (la musique) n'est nommément présent que dans le titre et le premier vers. En fait, tout naît de la sensation auditive, comme dans Parfum exotique (XXII) où la vision surgit d'une sensation olfactive, d'autant que celle-ci est favorisée par la mise en sommeil des autres sens. [...]
[...] III- Les états d'âme contrastés du poète La présence du poète Malgré l'omniprésence de la figure d'énonciation de la première personne du singulier, la première strophe laisse planer une ambiguïté. En effet, Je mets à la voile (vers peut parfaitement laisser entendre un capitaine qui fait corps avec son bâtiment voire le navire lui-même. La seconde strophe assimile le poète à une sorte de figure de proue (La poitrine en avant, vers dont les poumons se muent en voiles (et les poumons gonflés / Comme de la toile, vers 5-6). La comparaison du vers 6 fait du je un navire à part entière. [...]
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