Traiter du rapport de Baudelaire à la morale est une entreprise intellectuellement glissante pour au moins quatre raisons majeures:
1. Il est toujours difficile d'associer art et morale, nous serons amenés à y revenir.
2. Baudelaire a d'abord été condamné en 1857 pour « offense à la moralité publique et aux bonnes mœurs », puis réhabilité en 1949. Ainsi, ce sujet a fait déjà l'objet de deux décisions de justice, ce qui montre autant son caractère pressant que sa difficulté. Nous énumérons pour mémoire les pièces condamnées: Les Bijoux (20), Le Léthé (30), A celle qui est trop gaie (39), Lesbos (80), Les Femmes Damnées (81) et Métamorphoses d'un vampire (89). Quatre autres pièces incriminées (Le Reniement de Saint Pierre (90), Abel et Caïn (91), Les Litanies de Satan (92), Le Vin de l'Assassin (95), au titre d'offense à la morale religieuse.
[...] Cette volupté qui est souhaitable parce qu'elle torture torture des âmes elle est une vraie divinité parce qu'elle ne dissimule pas sa fausseté masque fantôme élastique Elle contraint l'âme à la conscience, à ne pas perdre se perdre de vue. La vertu Ainsi, il n'y a pas loin de la volupté à la vertu ou à la sainteté (équivalent religieux et mystique). La volupté est comme un vin informe et mystique (La Prière d'un Païen), ce qu'est aussi la vertu. [...]
[...] Une Charogne, Remords posthume ne sont pas seulement de nouveaux avatars du memento mori, ce sont des exercices de mortification, exercices profanes, pétrarquisant dans Je te donne ces vers plus étranges dans Le Flacon, A celle qui est trop gaie, et franchement religieux dans A une Madone. La discrète présence de l'Espagne rappelle la dimension religieuse de la mortification, à travers les exercices spirituels de mortification, abandonnés en France, mais qui se pratiqueront couramment en Espagne jusqu'à la fin du XIXème siècle. [...]
[...] Baudelaire moraliste ? (Les Fleurs du Mal) Traiter du rapport de Baudelaire à la morale est une entreprise intellectuellement glissante pour au moins quatre raisons majeures : 1. Il est toujours difficile d'associer art et morale, nous serons amenés à y revenir Baudelaire a d'abord été condamné en 1857 pour offense à la moralité publique et aux bonnes mœurs puis réhabilité en 1949. Ainsi, ce sujet a fait déjà l'objet de deux décisions de justice, ce qui montre autant son caractère pressant que sa difficulté. [...]
[...] Pourtant la nécessité de l'exercice nous impose de les séparer, ou du moins de réserver à l'une un examen moins attentif qu'à l'autre. Ainsi, il nous faut distinguer l'immoral de l'impie. Ne retenons de cette longue définition qu'un seul point : la morale est inévitablement orientée vers l'action, ou elle n'est plus une morale. La morale est une affaire d'actes et de faits. Moralité : il s'agit du caractère moral d'une proposition, d'une personne. Mais Ce caractère moral (ou non) résulte d'une évaluation critique de l'objet proposé. [...]
[...] C'est pour cela qu'il est possible de traiter du Mal en tant que tel, alors que l'étude du Bien ne peut se faire sans détour. Il ne faut pas être dupe de la syllepse : le terme Mal épouse à la fois une acception pathologique et un sens moral. C'est l'affection douloureuse et maladive dont souffre le poète (la mélancolie), mais aussi la tare morale dont il ne peut se libérer (la paresse). La conjonction des deux donne souvent l'Ennui, ou les ennuis. [...]
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