Baudelaire, premier poète de la modernité, a considérablement élargi le champ de l'expérience poétique. Il a développé la faculté de reconnaître dans la banalité du réel une mystérieuse beauté jusqu'alors inconnue, à l'image de la phrase « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or » extraite des Fleurs du mal. Dans ses poèmes, il s'est fait homme de la rue, voyeur et voyant et a exploré les voies qui peuvent transfigurer des objets quotidiens en éléments mystérieux qui ouvrent la voie vers l'idéal.
Le poème « Les fenêtres », extrait des Petits poèmes en prose parus en 1869, est essentiel puisqu'il permet au poète de nous faire part du processus de la création poétique qui passe par l'identification et comporte un effet libérateur pour le poète.
Tout d'abord, dans ce poème en prose se met en place un paradoxe : l'éloge des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes. Par ailleurs, le poète explique cette préférence par le pouvoir bien plus évocateur et élévateur des fenêtres fermées.
[...] Baudelaire, après nous avoir exposé sa vision paradoxale des fenêtres fermées, nous explique à l'aide d'un exemple concret la démarche créative qu'elles permettent de mettre en oeuvre. La création poétique passe par une identification et comporte un effet libérateur pour le poète. Il utilise ici un objet banal, voire trivial et en fait un élément mystérieux et évocateur pour le poète. On retrouvera cette même démarche par exemple chez Francis Ponge, dans Le Parti pris des choses en 1942. [...]
[...] Baudelaire Les fenêtres Petits poèmes en prose Les fenêtres Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. [...]
[...] Tout d'abord, dans ce poème en prose se met en place un paradoxe : l'éloge des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes. Par ailleurs, le poète explique cette préférence par le pouvoir bien plus évocateur et élévateur des fenêtres fermées. En premier lieu, Baudelaire fait l'éloge paradoxal des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes. Ce paradoxe se met tout d'abord en place dans le premier paragraphe : l'auteur y utilise les trois types de comparaisons : autant . [...]
[...] Les fenêtres fermées semblent provoquer l'exaltation du poète. On perçoit bien ici la volonté du poète de nous faire partager son opinion grâce à une énonciation très originale. La situation d'énonciation du premier paragraphe est donc également paradoxale. Cependant, le poète n'omet pas de justifier cette préférence pour les fenêtres fermées par leur grand pouvoir évocateur et élévateur. Pour expliquer ce pouvoir évocateur, il utilise un court récit en guise d'exemple. Dans cette deuxième partie, la situation d'énonciation change : le poète utilise la première personne du singulier : j'aperçois j'ai refait et je me la raconte Il s'agit donc de son expérience personnelle. [...]
[...] On trouve également de nombreux déterminants indéfinis : une fenêtre une chandelle et une vitre ce qui permet de généraliser et un défini dans le titre Les fenêtres qui semble regrouper toutes les fenêtres existantes. Enfin, les adverbes de temps toujours et jamais renforcent cette idée. Néanmoins, cette objectivité n'est qu'apparente puisqu'en réalité, le mode de formulation de ces trois phrases est très emphatique. Il s'agit d'une opinion personnelle de la part du poète sur le rôle des fenêtres fermées. Elles sont perçues comme bien plus intéressant[es] profond[es] et fécond[es] que les fenêtres fermées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture