Le plus grand poète du XIXe, Charles Baudelaire, révolutionne la poésie avec son recueil Fleurs du mal. Véritable bible pour les férus de poésie, cet ouvrage a pourtant beaucoup choqué en son temps, par la nouveauté et l'avant-garde des thèmes abordés. La mort, les Enfers, le Temps, le laid, Baudelaire écrivait tout avec la même virtuosité, selon ses propres mots : "tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or". Cet auteur était hanté par le temps qui passe de façon très négative mais rattaché au mouvement symboliste, même si il est difficile de "classer" Charles Baudelaire, ce qui signifie donc qu'il voyait dans l'au-delà le Sublime, l'accomplissement de l'être, un moyen donc de voir la mort autrement. Le poème proposé ici, "Le Balcon" est très nettement teinté par l'obsession du Temps. Mais il est aussi un moment d'extase, d'échange amoureux. Cela annonce d'ores et déjà la contradiction de ce poème. Comment concilier, dans l'écriture, le bonheur de la femme aimée avec la fuite du Temps ? (...)
[...] Tout le poème est construit sur la forme antithétique, ce qui est caractéristique du poète. Ainsi, nous allons nous demander quelle est la fonction de ce poème, comment il est à mettre en relation avec le passage du Temps et donc l'objet principal ici : la mémoire. Aussi nous évoquerons dans un premier temps la poétique de Baudelaire, puis à l'image du Balcon, le caractère oxymorique de ce poème, et enfin le Temps, cet obscur ennemi qui nous ronge le cœur Commençons par évoquer la poétique de Baudelaire, et en particulier dans un premier temps, nous allons découvrir plus en détails ce poème, à travers sa construction et son énonciation. [...]
[...] Mais qui est donc cette femme ici évoquée ? Elle a semble t-il une importance capitale, puisqu'elle représente le premier mot du poème, mère De plus, les motifs familiers et maternels se succèdent : l'image du foyer semble s'apparenter à un lieu familial, les mains sont fraternelles le sein est le symbole maternel par excellence. Enfin, elle est appelée Mère des souvenirs ne pourrait-on pas y voir une périphrase pour désigner la mémoire ? Nous allons enfin analyser l'évolution dramatique que prend le poème. [...]
[...] En cela, Baudelaire nous transporte encore une fois : de cette noirceur oppressante naît l'idée de néant. Nous pouvons encore ici voir une opposition entre ce cadre intime et familier, et la récurrence du motif du vide, de l'espace. En un sens, le ciel est opposé à la profondeur de la terre. On peut donc voir dans que l'espace est profond mais aussi dans la triple opposition des vers le gouffre interdit au ciel et à nouveau au fond des mers profondes avec l'allitération du son on que l'on retrouve dans sondes qui accentue la profondeur, l'écho. [...]
[...] L'idée de cloison, de brume, d'enfermement : les souvenirs sont voués à mourir, Baudelaire les invoquent magistralement, une dernière fois dans le dernier vers : Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis ! L'obscurité grandissante tout au long du poème matérialisée par la nuit, la profondeur, le gouffre peut être une façon pour le poète de dire que l'écriture est son seul moyen de faire revivre ses souvenirs, qui s'embrument peu à peu à l'image du vers 16 et 20 la nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison vers repris deux fois, dans la logique du pantoum qui réduit encore un peu l'espérance de la pérennité des souvenirs. [...]
[...] On peut noter : ton sein cœur à deux reprises, pieds mains genoux yeux et le paroxysme dans ce vers déjà cité : Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses/ Ailleurs qu'en ton corps et qu'en ton cœur si doux ? Le corps est lié indéfectiblement à la douceur du toucher, à la caresse (v.3). Le corps est présent dans tout son ensemble, nous verrons que Baudelaire recrée à travers l'écriture le corps matériel de cette femme qui n'est plus qu'un souvenir. Il l'a fait revivre de façon presque érotique. Le toucher est aussi lié à la vue, à travers de nombreuses images picturales. [...]
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