L'auteur va d'emblée la présenter comme un mystère qu'on ne cesse d'interroger. Dès le premier vers ("Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, / Ô Beauté ?"), la question, mise en valeur par un rejet de la beauté au vers suivant et par la solennité du O vocatif, revêt un caractère obsessionnel. L'allusion au fait que la beauté semble presque toujours émerger d'une profondeur ténébreuse ("ciel profond", "abîme", vers 1 et "gouffre noir", vers 9) souligne son origine obscure (...)
[...] III- Une fleur du mal La totalité du poème est parcourue par cette idée de fleur du mal que représente la beauté, reposant sur la véritable soumission qu'elle exerce sur le poète et teintant leur relation d'un voile de sadomasochisme. La soumission du poète Si la beauté suscite l'enchantement de ceux qui l'entourent, elle induit en même temps leur soumission en établissant une relation d'esclavage : Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien (vers 10). Le poète amoureux est alors aux genoux de son unique reine (vers sa soumission étant suggérée par l'adjectif incliné (vers 19). [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Hymne à la Beauté (XXI). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] T E X T E Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, Ô Beauté ? ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ; Tu répands des parfums comme un soir orageux ; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ? [...]
[...] Une image paradoxale de la beauté Baudelaire tend d'abord à cerner l'origine de la beauté avant de définir le beau de manière paradoxale. L'origine de la beauté - Une origine obscure L'auteur va d'emblée la présenter comme un mystère qu'on ne cesse d'interroger. Dès le premier vers (Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, / Ô Beauté la question, mise en valeur par un rejet de la beauté au vers suivant et par la solennité du O vocatif, revêt un caractère obsessionnel. [...]
[...] En effet, témoignant de sa volonté de dégager la beauté de la laideur, celui-ci n'est plus fondé sur le modèle traditionnel proposé par l'école parnassienne (où la beauté repose sur la perfection formelle), mais sur des critères tels que le bizarre et le monstrueux. Éclairant à la fois la personnalité de l'auteur et le caractère de son œuvre, Hymne à la Beauté met l'accent sur l'ambiguïté du tempérament baudelairien où sadisme et masochisme sont mêlés et dévoile l'aspect quelque peu satanique du recueil. [...]
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