« L'Horloge » reflète enfin l'état d'esprit de Baudelaire en 1861 : ce dernier, désespéré, ne voit d'issue que dans la mort et pense à se suicider (...)
[...] ] Dont le doigt nous menace Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon et d'une comparaison Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse Il fait aussi référence au jacquemart Mon gosier de métal (le jacquemart est une figure de métal représentant un homme d'armes frappant les heures avec un marteau sur la cloche d'une horloge d'hôtel de ville, de cathédrale) pour terminer par l'horloge moderne Tantôt sonnera l'heure L'accélération du temps Puis Baudelaire fait allusion aux différentes unités de temps : l'instant la Seconde les minutes (v.15), l'heure (v.21). Tous ces termes renvoient au décompte du temps v21. [...]
[...] Les uns expriment l'imminence du moment fatal Les vibrantes Douleurs [ . ] / Se planteront bientôt comme dans une cible (v. Tantôt sonnera l'heure (V.21), tantôt a ici le sens e bientôt du vers 4 auquel il fait écho. Les autres marquent la fin d'un sursis Il est trop tard (v.24). Les ruptures de rythme sont toujours fortement suggestives. Le rythme ternaire du dernier vers Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! [...]
[...] En évoquant la sylphide qui fuira vers l'horizon Baudelaire reprend la métaphore baroque de la fuite du temps. L'allusion à la coulisse partie du théâtre située derrière la scène, nous révèle l'envers du décor : l'homme, un moment sur la scène, joue la comédie de la vie, puis retourne très vite à son véritable état : l'obscurité de la coulisse, c'est-à-dire les ténèbres, la mort. Le temps est en fait un symbole du drame dont l'homme est le théâtre. Son existence est condamnée à la fuite des plaisirs à la certitude de la souffrance, et jalonnée de fautes dont il ne se repent, lâchement, que vers la fin de sa vie (v.23) lorsqu'il n'a plus d'autres refuges. [...]
[...] Les vibrantes Douleurs : les aiguilles sont d'abord assimilées à des flèches qui Se planteront bientôt comme dans une cible (v.4) ; la substitution de l'effet les Douleurs à la cause de cette souffrance - en réalité, les vibrantes aiguilles - rend encore plus sensible la blessure provoquée par le temps chez l'homme qui ne peut lui échapper. De même la figure de l'ogre se profile dans le texte avec le verbe dévorer (v.7). Celle du vampire, toujours insatiable, transparaît dans le verbe pomper (v.12) et le mot soif (v.20). On peut relever le jeu de l'harmonie imitative du vers 12 : Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! [...]
[...] - Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi ! Prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. [...]
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