Ce poème lie étroitement amour et éternité à travers la mort. Cela n'est pas sans rappeler le Roméo et Juliette de Shakespeare.
L'idée est en effet celle d'un duo d'amants que rien ne pourra séparer ; on peut même aller jusqu'à dire que l'amour va s'épanouir dans la mort, puisqu'elle leur donne l'éternité et scelle définitivement leur union (...)
[...] En leur donnant l'éternité, elle sublime leurs sentiments et consacre leur fusion. Les contraintes de la vie, les possibilités de séparation disparaissent, de même que l'impact pesant du temps qui passe. III/ Le passage du corps à l'esprit A. Vers la mort des sens Si leur amour est d'abord décrit par une abondance de termes reliés au champ lexical des sensations, il évolue ensuite vers la mort. Les sens cités sont nombreux : - le toucher, à travers la sensation rassurante des divans profonds mais aussi la chaleur des flambeaux et des chaleurs dernières - l'odorat avec les odeurs légères - la vue des cieux plus beaux mais aussi tout ce qui touche au miroir : réfléchiront leurs doubles lumières miroir - l'ouïe avec ce long sanglot Puis la mort surgit et ces images disparaissent, permettant l'accession au monde spirituel. [...]
[...] Les visions du poète Le poète assimile son rêve à la réalité. En effet, emporté par ses réflexions et visions lyriques, il décrit l'avenir des amants au futur et non au conditionnel. On comprend ainsi que pour lui, c'est une réalité en devenir, non une éventualité ou un simple désir : nous aurons nous échangerons Il n'y a pas de trace(s) de doute dans ce poème. La mort est exaltée, l'amour emphatique, et il ne fait aucun doute pour le poète qu'un Ange viendra accueillir les amants. [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal La Mort des amants (CVVI) Introduction : Les Fleurs du Mal est un recueil de cent poèmes écrits par Charles Baudelaire. La première édition de cette œuvre a lieu le 25 juin 1857. L'édition définitive vient ajouter un grand nombre de poèmes. La structure finale est la suivante : Spleen et Idéal (poèmes I à LXXXXV) Tableaux parisiens (poèmes LXXXXVI à CIII) Le Vin (poèmes CIV à CVIII) Fleurs du Mal (poèmes CIX à CXVII) Révolte (poèmes CXVIII à CXX) La Mort (poèmes CXXI à CXXVI) Dans le poème étudié, l'écrivain, las des obstacles de l'existence, envisage la mort comme délivrance et consécration de l'amour de deux amants. [...]
[...] Ils seront même réanimés, ravivés par la présence de l'Ange : Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. C'est donc la vision romantique de la mort qui l'emporte. L'union des âmes ne se fait complètement qu'après la mort, et ravive même ce que la vie ternissait. Conclusion : Amour et mort se mêlent dans ce poème, et Baudelaire sublime les amants à travers cette fusion. On retrouve dans ce poème l'idéal romantique d'une mort donnant accès à l'éternité des sentiments, mais aussi à un paradis qui supprime tous les obstacles à l'amour. [...]
[...] On peut citer, dans cet esprit : nos deux esprits miroirs jumeaux nos deux cœurs échangerons Leur proximité tant physique que spirituelle les fait se rejoindre et fusionner. Cette vision du couple est donc très idéalisée chez Baudelaire, et tout particulièrement dans ce poème. Les amants en viennent à parler d'une seule voix à travers le pronom nous utilisé à maintes reprises : nous échangerons nous aurons nos D'ailleurs, l'image du sanglot et celle de l'éclair unique montrent à quel point ils ont fusionné. Les phénomènes (naturels ou psychologiques) ne les touchent pas individuellement mais ensemble. [...]
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