Le roi n'a plus de désir incapable d'un sentiment quelconque; rien ne le distrait ni la chasse (v.5), ni le bouffon (v.7), pas même la misère de son peuple mourant (v.6); il s'ennuie, il est cruel (v.8) (...)
[...] Les caractères habituels du spleen. L'ennui Ici c'est le roi, c'est à dire le poète, qui s'ennuie si fort que rien ni personne ne peut l'y arracher. Le roi n'a plus de désir incapable d'un sentiment quelconque; rien ne le distrait ni la chasse ni le bouffon pas même la misère de son peuple mourant il s'ennuie, il est cruel (v.8). "L'ennui naît de l'absence de curiosité." écrit-il à sa mère. C'en est de même pour le roi. Sa cruauté n'est même pas volontaire, elle n'est que la conséquence de l'ennui à l'égard de tout. [...]
[...] Des procédés d'écriture vont suggérer la disparition du Je. Le je est le comparé et le roi est le comparant, or dès le deuxième vers, et ce jusqu'à la fin, il n'est plus question que du roi donc du comparant. Le roi n'est plus désigné que par "son" (v. par le pronom personnel (V.15) et lui (V.13) et par "ce cruel malade" (V.12,17,18) Ces pronoms mettent à distance le roi. Le roi est désigné par une métonymie (V.6) le balcon dit l'absence du roi. [...]
[...] Le poids du temps. Le roi est jeune est pourtant très vieux (v.2) comme si la jeunesse était impossible, comme si le temps ne pouvait signifier que vieillissement. Jeune squelette (v.2) donne une atmosphère archaïque, sans jeunesse, sans vie; de même le vocabulaire employé est archaïque: dame d'atour (v.10) (dames qui habillent la reine), le souris (v.12), roi médiéval qui chasse et qui a un bouffon, il y a les romains. La pluie et le froid. Le roi est roi d'un pays pluvieux (empire du spleen) C'est un état qui dure on le retrouve au vers 17 avec le froid de la mort; personne ne peut donner de la chaleur à l'être en proie au spleen. [...]
[...] Cet effacement est présenté comme fatal. III) Un anéantissement fatal que rien ne peut enrayer. L'entourage du roi est impuissant à le sauver, il s'ennuie mais le bouffon bien que grotesque ne le distrait plus, les dames d'atour ne peuvent réveiller sa sensualité, l'alchimiste n'a pu le réchauffer par des bains de sang (rite funéraire des Etrusques). Les verbes pouvoir (v. 13) et savoir (v. 11,17) sont employés à la forme négative. Ils marquent cette impuissance; l'élément corrompu -le spleen- ne peut être extirpé. [...]
[...] La composition du poème met en place un parcours ordonné fatal qui mène nécessairement de l'affirmation du moi à son anéantissement vers// Je Léthé Le roi(1-6) le bouffon / les dames le savant(13-18) s'ennuie / d'atour(9-12) ne peut le ramener V.9 à la vie ne peuvent le distraire La rigueur de la composition mène à l'anéantissement du moi Une dernière progression dans le détail amène à l'anéantissement fatal du roi Ce cruel malade (v. 4 vers ce jeune squelette (v. 12) 4 vers ce cadavre hébétée (v.16). Dans les Spleen précédents (LXXV et LXXVI), il y avait encore place pour le poète. Or ici il n'en est même plus question. Quant à l'être en proie, il n'est plus un granit, une chose (LXXVI), il n'est plus rien, le spleen a fait son œuvre. [...]
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