Baudelaire se révèle le plus inquiet des Romantiques en cherchant à donner forme et sens à l'obscurité. Il est en quête du Spleen : cet état amer de douce mélancolie qui inspire la pensée romantique.
Ce poème, composé en alexandrins, est un trésor de superlatifs : la forêt est un grand bois, une étendue d'eau est un océan, et la nuit se perd dans l'univers. Pas de limite à ces espaces, et ce gigantisme en ajoute encore à leur portée symbolique. Le poète se perd, il cherche des repères mais sa quête est vaine et il le constate amèrement. Il est seul et se résigne. Sa résignation le pousse à l'écriture, comme pour se mesurer à ces étendues immenses et pour les affronter du haut de son art (...)
[...] Il brosse trois tableaux successifs de cet ennemi comme pour l'analyser sous différentes facettes et en saisir ainsi la démesure. Mais l'évidence s'offre aux yeux du lecteur, le poète est un homme à contre courant, perdu ,isolé, qui croit encore en sa réalité lorsque tout l'abandonne et qui poursuit malgré tout sa quête. Les trois tableaux C'est par la combinaison de différentes approches que l'homme peut appréhender l'univers dans toutes ses dimensions poétiques, c'est-à-dire dans les multiples facettes de la Création. [...]
[...] Six ou sept lieues représentent pour l'homme le rayon de l'infini. Voilà un infini diminutif. Qu'importe s'il suffit à suggérer l'idée de l'infini total ? l'oxymore ce rire amer de l'homme renvoie au rire énorme de la mer preuve, s'il en est, que l'homme appréhende non pas ses sentiments, mais leur masse aussi gigantesque qu'elle puisse être puisqu'elle se mesure à l'étendu de la mer. Mais cette impression est trompeuse car, nous l'avons vu, l'étendue infinie de la mer n'est qu'une illusion. [...]
[...] Il est en réalité assez difficile de différencier le reflet et l'authentique. Le lecteur est témoin du rapprochement de deux univers qui ne s'atteignent jamais réellement : le poète plonge dans les ténèbres à mesure que les spectres familier en sortent. Et dans ce croisement, l'échange entre les deux univers se fait sans parole, uniquement avec le regard jaillissant de mon oeil et regards familiers A la recherche du Spleen la mélancolie s'éclaire des rémanences d'un bonheur approché et perdu, dont la pensée ne peut se détacher. [...]
[...] La représentation symbolique de la plénitude se trouve-t-elle dans le vide, et le noir, et le nu comme semble le croire le poète. On note ici la gradation qui s'opère et la répétition quasi agrammaticale de la conjonction et qui a pour effet de renforcer la gradation. Il est condamné par son état à cette insatisfaction. Cette répétition en trilogie évoque quelque peu la trinité : au nom du vide du noir et du nu et cet écho religieux renvoie à la relation du poète avec le divin que nous'évoquions précédement, cette contradiction faite d'attirance et de répulsion. [...]
[...] Il semblerait alors que les ingrédients du Spleen baudelerien soient réunis. II/Un Homme à contre courant Mais qui est-il ce poète pour faire volte face à des éléments d'une telle mesure ? Il le confesse lui même vous m'effrayez (vers il reconnaît la vanité de son être et la petitesse de sa condition humaine. Le poète parle d'abord en son nom seul vous m'effrayez puis il parle au nom de tous nos cœurs comme s'il cherchait à se rassurer, à se convaincre qu'il n'est pas seul. [...]
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