Les deux figures, "je" et dame aimée, apparaissent clairement dès le début : "Je te donne ces vers".
Le "je" est représenté de façon positive : il est actif, son nom pourrait être encore connu dans le futur et il est comparé à un vaisseau "favorisé" par le vent (un vent froid, puisqu'il vient du nord).
Le "tu", est par contre représenté comme passif : il n'est que le récepteur du don et son pas est léger (v.12). C'est aussi une image négative : sa mémoire est comparée à des fables incertaines qui fatiguent le lecteur. Cette fatigue rappelle le thème de l'ennui (synonyme de spleen), qui pour Baudelaire n'est pas qu'un léger malaise "mais un état d'abattement profond et de haine de soi" (...)
[...] Au niveau des rimes, on peut aussi remarquer l'opposition entre les vers 5 (fables incertaines) et le vers 8 (rimes hautaines). Les deux tercets contiennent des invocations au tu il y a donc une concordance au niveau du contenu et pour cette raison je propose de dénommer cette partie B Il y a cependant une discordance interne au niveau des strophes : les tercets sont formés par deux phrases qui terminent par un point d'exclamation, la première comprend deux vers et l'autre quatre vers. [...]
[...] On pourrait souligner l'allusion aux yeux de la statue : comme Slama l'indique, le poète prête une attention particulière à cette partie du corps : Baudelaire exalte les yeux de la femme, nobles organes par excellence. Il est happé tour à tour par les de Jeanne [ les de Marie [ ] et les de la présidente [ Effectivement, ce poème fait partie du cycle dédié à Jeanne, ici représentée comme une statue aux yeux de jais, un minéral noir. La figure du don et son rapport à la temporalité Les vers du poète sont perçus comme quelque chose qui permet de prolonger la mémoire et donc de vaincre la mort. [...]
[...] Dans les deux cas, le don a pour conséquence de prolonger la mémoire de la femme dans le temps pour la rendre immortelle. La forme des deux poèmes est la même : il s'agit de deux sonnets en alexandrins. Une des premières différences qu'on remarque est d'ordre syntaxique: chez Ronsard la structure est plus classique, il y a concordance avec les strophes. Au niveau des rimes : la structure est la même dans les deux quartets. Les champs sémantiques diffèrent beaucoup : chez Ronsard le contexte est bucolique, on est immergé dans un paysage naturel très paisible, un locus amoenus, alors que chez Baudelaire la nature n'est pas aussi présente et en tout cas elle n'est pas idéalisée. [...]
[...] L'élément de l'immortalité est présent dans les deux poèmes, mais le don de Baudelaire lie de façon plus personnelle et intime la dame et le poète, il s'agit de ses propres vers, sans aucun lien avec un objet ou un environnement extérieur. Aucun autre ne pourra profiter du don de Baudelaire, au contraire, la mémoire de la dame fatiguera le lecteur. Il n'y a pas de place pour d'autres personnages. Conclusion Ces poèmes, à presque trois siècles de distance, nous montrent comment on peut traiter de façon différente le même sujet. [...]
[...] La mort est omniprésente dans les Fleurs du Mal, mais de manière ambivalente : «sans cesse évoquée, tantôt souhaitée avec force, tantôt redoutée avec angoisse : dans ce poème, elle apparaît comme quelque chose qu'on peut vaincre, grâce à la poésie. Moyens stylistiques utilisés pour illustrer les éléments précédents Le seul verbe vraiment actif est le premier, je te donne qui est donc mis en évidence. Les autres phrases des quartets sont des subordonnées : l'hypothèse et les verbes au subjonctif donnent une idée d'incertitude et créent une attente, terminant par les rimes hautaines Un enjambement entre les deux premiers vers souligne l'idée de durée dans le temps et la projection dans le futur, accentuée aussi par le mouvement horizontal du vaisseau. [...]
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