Comme le soulignait le vers initial ("J'ai plus de souvenirs qui si j'avais mille ans"), mis en évidence par un blanc typographique, du poème Spleen (LXXVI), le passé et son corollaire, la mémoire, sont habituellement un moyen de choix pour Baudelaire de faire un bilan désespérant de son existence. De fait, Le Cygne est intégralement placé sous le signe des souvenirs (...)
[...] Dans le poème, elle est surprise au bord d'un faux Simoïs pleurant sur un tombeau vide la mort de son mari Hector. Le Simoïs menteur (vers s'oppose au Simoïs troyen (dieu fleuve), soulignant la mélancolie d'Andromaque. C'est donc l'analogie qui unit le destin de ces trois personnages : le Paris d'aujourd'hui est au vieux Paris, ce que le Simoïs menteur est au Simoïs troyen. Ils sont tous trois reliés par la perte. Ce sont des allégories d'exilés. II- Le Cygne en allégorie de la souffrance L'importance de la dédicace Ce n'est pas un hasard si Baudelaire fait intervenir ces trois personnages. [...]
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Le Cygne, I (LXXXIX) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] Ainsi, les trois personnages du récit sont eux aussi des exilés : le poète du vieux Parie, Andromaque de Troie et le Cygne de son lac. Et tout naturellement, derrière le cygne, le lecteur devine Victor Hugo. L'allégorie du cygne Blanc et pur, le cygne symbolise la métamorphose. Afin de rendre sa souffrance plus poignante, Baudelaire va le personnifier : - avec la majuscule du titre - en le dotant de la parole : Et disait, le cœur plein de son beau lac natal : / Eau, quand donc pleuvras-tu ? [...]
[...] En effet, il considère la nature comme laide, par définition et la beauté comme artificielle. La deuxième des six sections, intitulée Tableaux parisiens, est liée à l'inspiration de la vie. Bien que l'univers urbain lui offre des sujets de description et de réflexion, l'auteur ne reste pas extérieur au spectacle de la rue. Il y participe, à la recherche de rencontres décisives, en quête de symboles qui font de ces spectacles les reflets d'un monde complexe, celui de la condition humaine, celui de sa propre vie. [...]
[...] Enfin, la valeur symbolique de l'animal est mise en abîme avec le Paris moderne grâce aux adjectifs dépréciateurs de la ville : sec (vers 18) et raboteux (vers 19). Conclusion Ce poème est donc une rêverie sur les exilés du bonheur qu'incarne ici la figure du malheureux cygne. La simple anecdote parisienne de l'oiseau se transforme en un mythe qui reflète la fatalité de la nostalgie à laquelle l'humanité est soumise. Baudelaire choisit des figures de plus en plus communes, Andromaque, le cygne et le poète. Le travail du poète alchimiste a permis de faire du cygne une véritable fleur du mal ! [...]
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