En 1863, lorsque paraît dans Le Figaro une série d'articles "Le Peintre de la vie moderne", son auteur, le poète Charles Baudelaire, n'en est pas à son premier coup d'éclat critique. Écrivain à la réputation sulfureuse dont l'ouvrage poétique Les Fleurs du Mal vient d'être censuré en 1857 pour outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs, il a déjà publié de nombreux articles jetant les bases de son esthétique.
Chantre de la modernité, mais également poète maudit auto-proclamé, Baudelaire a concilié toute sa vie durant activités poétiques et réflexions théoriques. Ce n'est pas l'un de ses moindres mérites que de confronter sa théorie à sa pratique. Dans l'extrait proposé se dégage une forte tonalité philosophique inhabituelle de la part du poète. Procédant par assertion plus que par démonstration, Baudelaire cherche à régler son sort à la nature dans ses rapports à la morale et au beau (...)
[...] s'exclame-t-il toujours dans Le Peintre de la vie moderne. Sur ce point, Baudelaire est proche de Hegel : en effet, le philosophe allemand rejette la notion aristotélicienne d'imitation dans la mesure où l'artiste qui l'applique met le souvenir à la base de la production artistique, ce qui prive l'art de son pouvoir essentiel : exprimer le beau, manifester la supériorité du beau artistique sur le beau naturel en tant que production de l'esprit. La réflexion de Baudelaire s'inscrit donc en rupture avec la conception classique de beauté fondée sur l'équilibre et les conventions. [...]
[...] Au spectacle de la nature il préférera s'attarder sur les beautés de la ville. De manière significative, le texte commenté s'inscrit dans un chapitre intitulé Éloge du 9 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue / Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne (1860) maquillage C'est également au nom de la nouveauté et de l'usage de l'imagination que Baudelaire prend la défense œuvres dont la nouveauté choque : la peinture de Delacroix ou de Constantin Guys, la poésie de Victor Hugo ou bien la musique de Richard Wagner trouvent grâce à ses yeux. [...]
[...] Or le 20 août 1857, si la sixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine écarte l'offense à la morale religieuse, elle retient l'outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs et condamne le poète à 300 francs d'amende et censure six poèmes de son recueil. Il faudra attendre 1949 pour que les poèmes 6 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue / Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne (1860) censurés soient de nouveau publiés . En refusant ces préceptes, en rejetant la vile copie de la nature c'est, pour Baudelaire, renoncer à l'imitation, à ce principe établi depuis quatre siècles et saper les valeurs fondatrices de la morale et de la politique d'une société confiante en son ordre établi. II. [...]
[...] Pour autant, la recherche baudelairienne d'un culte de la beauté déconnecté de toute référence transcendante comporte des dérives manifestes et traduit la condition tragique de l'homme voué au péché Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue / Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne (1860) I. Baudelaire conteste la conception dominante de la nature qui a présidé à la création artistique et à la morale. A. D'entrée de jeu, il faut relever combien la nature relève du domaine idéologique : normative significativement, l'écrivain juxtapose morale et nature elle désigne l'environnement naturel, fondé sur des lois physiques ; elle prend en compte également une dimension philosophique et morale, à partir de laquelle les Lumières, les philosophes du XVIIIe siècle ont bâti leur système de réflexion : doué de raison, l'homme par l'éducation, par l'enrichissement de son esprit, est amené à se libérer de l'obscurantisme pour accéder à la lumière, à la liberté. [...]
[...] Tout ce qui est beau et noble est le résultat de la raison et du calcul. Le crime, dont l'animal humain a puisé le goût dans le ventre de sa mère, est originellement naturel. La verni, au contraire, est artificielle, surnaturelle, puisqu'il a fallu, dans tous les temps et chez toutes les nations, des dieux et des prophètes pour l'enseigner à l'humanité animalisée, et que l'homme, seul, eût été impuissant à la découvrir. Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d'un art. [...]
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