Voilà qui fait de ce poème une pièce emblématique du sulfureux recueil des Fleurs du Mal qui paraissent en 1857, et font l'objet de polémiques et de condamnations. (...)
[...] Ces deux créatures rappellent les représentations allégoriques féminines des continents sur les anciennes cartes et atlas du XVI et XVIIème siècle qui faisaient rêver les voyageurs passionnés par la recherche du paradis terrestre. Les contrées rêvées par le poète sont un paradis exotique : - la chaleur : sous l'ardeur du climat (v.12). - la langueur : on s'y pâme avec sensualité. - la richesse et le luxe : dans l'or et dans la moire (v.18), le rubis, la perle et le saphir (v.32). III) Le poète se rêve l'égal de Dieu. Une connaissance universelle. [...]
[...] J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. [...]
[...] Grâce à la puissance de l'imagination, dans la chevelure de la femme aimée, c'est l'univers tout entier qui se révèle au poète. Comme par magie, l'infiniment petit révèle l'infiniment grand : voir les différentes métaphores de la chevelure et de la mer, du port, de la forêt. Du microcosme, le petit monde de l'homme, le poète accède à la découverte du macrocosme, c'est-à-dire à la connaissance de l'univers. Son savoir est si démesuré qu'il fait de lui le rival de Dieu. [...]
[...] Le parfum qui se dégage de la chevelure de la femme aimée, lui en rappelle un autre. Le voilà donc parti en quête de ses souvenirs. D'ailleurs le mot souvenir encadre le poème : il l'ouvre et le clôt. II) L'invitation au voyage. Un voyage initiatique : la toison d'or. La contemplation de la chevelure est donc une invitation au voyage. Dès le début du poème, la métamorphose de la Chevelure en toison introduit implicitement le thème du voyage. Le mot toison évoque la toison d'or du bélier ailé. [...]
[...] L'amour fait comme le catalyseur d'une mémoire jusqu'alors endormie. Le poète va ainsi sillonner le monde à la recherche de sons, de couleurs ou de parfums dans lesquels son imagination saura percevoir un sens caché. Grâce à la puissance de cette dernière, il accomplira le véritable voyage : le voyage poétique. Tel est le secret de la toison magique, tel est le trophée du nouveau Jason ; tel est le pouvoir quasi divin de l'imagination du poète. Thème de la chevelure chère à Baudelaire : Un hémisphère dans la chevelure (Petits poèmes en prose : on retrouve le port, la mer, le parfum . [...]
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