Les quatrains de ce sonnet sont dominés par l'allégorie féminine qui permet à l'auteur, sans aucune référence claire (mais on sait, comme en témoignent explicitement les deux autres poèmes du recueil traitant du même sujet : Le Chat - XXXIII et XLVII -, que pour l'auteur l'image du chat est étroitement liée à celle de la femme), de faire un éloge de cet animal domestique largement abordé par la littérature, apprécié pour sa grâce et sa noblesse qui l'éloignent de la vulgarité (...)
[...] Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Les Chats (LVI) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Recueil poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du Mal fut publié à Paris en 1857. Il donna lieu à un procès en août 1857 pour outrage à la morale religieuse ainsi qu'à la morale publique et aux bonnes mœurs Le poète fut condamné à 300 francs d'amende et à la suppression de six poèmes (qui seront publiés dans le Parnasse satyrique du 19ème siècle, à Bruxelles, en 1864, avant d'être repris avec d'autres pièces de circonstance dans Les Épaves). [...]
[...] Ainsi, de ces chats qui recherchent l'obscurité, émane la lumière : étincelles (vers parcelles (vers 13) et prunelles (vers 14) se font écho, au point de vue auditif comme visuel. Ces animaux se dissolvent alors en fragments de matière que la comparaison ainsi qu'un sable fin (vers 13) associe au sable du désert. Le dernier vers apparaît comme une apothéose : Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques avec le sentiment de leur fusion avec le cosmos, soutenu par la dimension spirituelle (mystiques) que le poète leur attribue. [...]
[...] Le mouvement est alors analogue à celui des quatrains, où le premier faisait état du physique de l'animal et le second abordait son aspect moral. - Un animal médiateur La présentation de cette médiation de l'animal repose sur un recours à la métonymie, les parties du corps (leurs reins, vers 12 ; leurs prunelles, vers 14) lui permettant alors d'accéder à l'immatérialité. Du reste, un adjectif comme magique (vers 12) et le verbe étoiler (Étoilent vaguement, vers 14) appuient cette notion onirique. [...]
[...] Au vers l'accent est mis sur l'attachement à un monde chaleureux (frileux) et familier (sédentaire), un contexte propice à l'épanouissement de l'amour et au travail intellectuel. Une approche morale des chats : deuxième quatrain Le vers 5 fait écho au chiasme du vers 1 : science (savants austères) et volupté (amoureux fervents). Désignés de manière valorisante par le terme Amis, les chats s'échappent de la vie futile faite de bruit (cherchent le silence, vers et de lumière (l'horreur des ténèbres, vers car ils sont antithétiques des deux catégories humaines amoureux = obscurité savants = silence La référence du vers 7 à L'Érèbe, divinité grecque infernale née du Chaos et personnifiant les Ténèbres et l'Obscurité des Enfers, en mettant l'accent sur leur vie nocturne, tendrait à les associer à la mort (les eût pris pour ses coursiers funèbres), si elle ne montrait pas avant tout qu'on ne peut les confiner à leur nature animale en les apprivoisant (S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté, vers le conditionnel soulignant surtout l'impossibilité. [...]
[...] II- Une vision extérieure de l'animal : les tercets À la manière d'un Delacroix, artiste pictural préféré de Baudelaire, et de la peinture impressionniste, les tercets proposent le portrait d'une approche extérieure des chats. Alors que les quatrains les emprisonnent dans l'espace (maison, vers et dans le temps (saison, vers dans les tercets, ces limites vont disparaître. Une libération de l'animal Des métaphores vont libérer l'animal par le biais d'un élargissement et d'une amplification spirituelle. Ainsi : - l'évocation du désert (un sable fin, vers 13) se substitue à l'espace domestique. - l'évocation de l'éternité (un rêve sans fin, vers 11) va s'opposer à l'idée de saison. [...]
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