I] L'oiseau en liberté.
1) Un oiseau physiquement majestueux.
L'albatros, physiquement, apparaît majestueux lorsqu'il évolue en liberté. Il possède ainsi de « grandes ailes blanches », des « ailes de géant » est-il précisé par la suite. L'hyperbole, dans cette dernière expression, confère à l'oiseau un caractère impressionnant, presque inaccessible. La couleur, que cite l'écrivain, dégage en outre une impression de pureté, de liberté, qui accentue le respect que l'on peut attribuer à cet animal « si beau ». L'auteur semble tout mettre en oeuvre pour montrer la grandeur, l'immensité physique de ces « vastes oiseaux », immensité qui apparaît également morale. (...)
[...] S'il semble être maître de tout face aux éléments naturels, l'albatros n'en paraît pas moins être sous la domination des hommes. Ces oiseaux les suivent, indolents mollement, sans énergie, ne sont plus en position de ceux qui dirigent mais de ce qui exécutent, ne sont plus que des compagnons de voyage voyage suggéré par l'écrivain comme interminable, sans fin, grâce à la prolongation du son à la fin de suivent qui se perd dans la virgule. Il devient objet de risée pour les hommes, l'un [l']agace l'autre l'imite : le rythme binaire le montre comme encerclé. [...]
[...] Ce poème montre ainsi la conception que Baudelaire a de la place du poète et il transparaît dans ces vers le spleen de l'homme de lettres. Le texte s'ouvre en effet par souvent un mot exprimant une généralité, une habitude, et mis en relief par une virgule qui l'isole de la fin du vers. Il est suivi de nombreux verbes au présent qui a une valeur de présent d'habitude, tels que prennent ou encore suivent cela le situe dans le temps et l'ancre dans les faits réels, cela permet de rapprocher cette situation de celle du monde dans lequel vivait l'écrivain. [...]
[...] Baudelaire le qualifie, en outre, à l'aide d'un vocabulaire appartenant au champ lexical du pouvoir et du gouvernement. C'est d'après lui le prince un roi Il atteint grâce à ces mots une dimension très haute, il semble détenir une certaine suprématie, qui se trouve renforcée par la peinture des lieux où évolue l'oiseau lorsqu'il est dans son environnement naturel. Un environnement empreint de majesté. Toute la majesté qu'il dégage est également contenue dans les lieux où il vit. Ce sont des oiseaux des mers d'un lieu en soi immense, pouvant se révéler dangereux et meurtrier. [...]
[...] Baudelaire se compare, tout au long des quatre quatrains, à l'albatros. Si cette comparaison n'est explicitement exprimée qu'à la tout fin du poème, elle est néanmoins amenée dans le déroulement du texte. Du pluriel, il est en effet passé au singulier pour désigner les animaux, les vastes oiseaux sont devenus ce voyageur ailé l'infirme ces expressions, dont l'une est renforcée par un adjectif démonstratif et dont l'autre personnalise l'albatros, ciblent précisément le sujet avant l'annonce que Le poète est semblable au prince des nuées Ses ailes de géant l'empêchent de marcher lorsque l'albatros, et par son biais, l'écrivain, est Exilé sur le sol au milieu des huées il ne semble pas à sa place, il semble mal à l'aise. [...]
[...] De plus, le navire ne va pas mais glisse il est donc en proie à un mouvement apparemment incontrôlé et contre lequel il est impossible de lutter. Cette situation est, a fortiori, renforcée par les présents de vérité générale qui scandent le texte et n'offre aucune perspective d'ouverture ou de changement. Sous les traits d'une scène de haute mer, faisant jouer un oiseau et des hommes, l'écrivain renvoie donc une image de sa vision de la vie et de la société. [...]
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