Commentaire de texte du poème issu du recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, A une Passante.
[...] Désormais, la rencontre appartient au passé et la femme ne sera l'objet d'une contemplation que dans un futur mystique : Ne te verrai-je plus que dans l'éternité -Aussi la passante est-elle invoquée comme fugitive beauté expression qui désigne simultanément la femme particulière (une beauté) qui passe rapidement son chemin et l'idée de beauté vers laquelle elle a fait passer un instant le poète. La femme est l'incarnation d'un Beau, à la fois transitoire et éternel (cf. définition de la modernité pour Baudelaire). [...]
[...] Elle semble donc posséder des pouvoirs magiques. Donc la conception générale de la Femme qui se dégage du poème est double : elle est belle, infiniment désirable, presque divinisée (comparée à une statue), mais elle produit sur l'homme qui tombe sous son charme un sentiment de crainte, une sorte de terreur sacrée devant une divinité aux pouvoirs magiques : l'expression fugitive beauté confirme cette image d'une femme incarnant pour l'auteur l'Idéal féminin. III.LA FEMME: INCARNATION DE L'IDEAL ET ALLEGORIE DE LA POESIE Dans le climat intérieur : le spleen baudelairien qui est le sien, le poète perçoit la rencontre avec la passante comme un évènement quasi surnaturel : l'Idéal baudelairien Le poète voit dans la passante l'incarnation de l'Idéal L'apparition de la jeune femme en deuil lui semble une révélation quasi- surnaturelle : l'intensité de l'impression reçue apparaît au vers 9 (la comparaison avec un éclair et au vers 10 dont le regard m'a fait soudain renaître (Il faut entendre que la femme a permis d'apercevoir l'idéal de la beauté; et comme chez Platon, l'âme a soudain été revivifiée par cette incarnation de l'absolu). [...]
[...] jamais peut-être ! La disparition est comparée à la nuit : connotation négative car c'est la fin de l'apparition, la disparition du regard, la disparition de la passante car j'ignore où tu fuis v.13), la disparition de l'espoir toi que j'eusse aimée v.14). De nombreux termes dans le dernier tercet évoquent le départ, la fuite, l'Ailleurs, un ailleurs temporel trop tard, jamais ) et spatial loin d'ici, où L'utilisation au v.14 du passé renvoie également à ce qui n'est plus: la disparition est sans appel. [...]
[...] Elle occupe les vers : la description part de l'allure générale et aboutit à son regard. Le portrait physique : la passante est beauté, harmonie, et sa démarche plénitude rythmique : Le rythme remarquable de l'ample phrase contient son portrait en mouvement. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble avec sa jambe de statue Le poème suit le regard du poète qui aperçoit puis détaille la jeune femme ; Baudelaire qui a une âme de peintre est sensible à la beauté de la passante : La description de la passante insiste sur son élégance - son allure générale est majestueuse - son geste de la main d'une élégance aristocratique évoquant le faste d le luxe: d'une main fastueuse - le détail de la toilette : la mode de 1860 était aux immenses robes à crinoline, que la femme devait soulever au rythme de son pas, pour éviter au feston une pièce de broderie qui orne l'ourlet) et à l'ourlet le bas de la robe) de balayer le sol. [...]
[...] La cadence des vers mime sa démarche. La description suggère aussi la perfection physique - sa silhouette est élancée : longue, mince - le vers 5 Agile et noble avec sa jambe de statue constitue du point de vue de la structure d'ensemble, une sorte d'enjambement sur le second quatrain, qui, après la pause du point virgule, élargit inopinément le portrait : ici, la beauté morale se joint à la grâce du corps agile et noble et aboutit à une idéalisation esthétique avec sa jambe de statue NB : jambe de statue et agile : deux qualités presque opposées, qui évoquent une beauté parfaite. [...]
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