A partir du moment où un fait est raconté, à des fins intransitives et non pour agir
directement sur le réel, "l'auteur entre dans sa propre mort, l'écriture commence." Selon
Barthes, l'auteur est un personnage moderne, fruit d'une époque qui a découvert le prestige de l'individu. Il est tellement présent aujourd'hui que "l'explication de l'oeuvre est toujours cherchée du côté de celui qui l'a produite, comme si, à travers l'allégorie plus ou moins transparente de la fiction, c'était toujours finalement la voix d'une seule et même personne, l'auteur, qui livrait sa "confidence"." (...)
[...] ] il fit de sa vie même une œuvre dont son propre livre ne fut que le modèle." 1 BARTHES - Le Bruissement de la langue Le Surréalisme, reposant sur la subversion directe des codes, ne peut donner au langage un système) une place souveraine. Mais par ses pratiques ("saccade", écriture automatique, écriture à plusieurs), il désacralise aussi l'image de l'Auteur. La linguistique montre que l'énonciation est un processus vide, qui fonctionne sans avoir besoin des interlocuteur. Un énoncé connaît un sujet, non une personne, qui suffit à faire tenir le langage. * Conséquences de l'éloignement de l'Auteur Changement du temps. Traditionnellement, l'Auteur est conçu comme le passé de son propre livre, il le nourrit, et entretient avec lui une relation de type père-enfant. [...]
[...] Mallarmé a ainsi cherché à lui substituer le langage lui-même : "c'est le langage qui parle, ce n'est pas l'auteur". Ecrire est atteindre le point où seul le langage agit, et non le moi, donc requiert une impersonnalité préalable. La poétique mallarméenne rend alors sa place au lecteur. Valéry, à sa suite, (et malgré sa psychologie du Moi), tourne en dérision l'Auteur en se reportant aux leçons de rhétorique classique. Il accentue ainsi la nature linguistique de son activité. Tout recours à l'intériorité de l'écrivain lui paraissait pure superstition. [...]
[...] Sans l'auteur, la prétention de "déchiffrer" le texte devient inutile. En effet, avec le règne de l'Auteur, qui correspond à celui de la Critique, l'écriture est fermée autour d'un signifié dernier. Et une fois l'Auteur trouvé sous l'œuvre, le texte est "expliqué", le critique a vaincu. Au contraire, dans l'écriture multiple, il s'agit de "démêler" ; l'espace de l'écriture est à parcourir, mais pas à percer. "L'écriture pose sans cesse un sens mais c'est toujours pour l'évaporer." La littérature . [...]
[...] BARTHES Essais Critiques IV Le Bruissement de la langue La mort de l'auteur - 1968 INTRO. Qui parle dans un roman ? "Il sera à tout jamais impossible de le savoir, pour la bonne raison que l'écriture est destruction de toute voix, de toute origine. L'écriture, c'est ce neutre, ce composite, cet oblique où fuit notre sujet, le noir-et-blanc où vient se perdre toute identité, à commencer par celle-là même du corps qui écrit." L'empire de l'Auteur . A partir du moment où un fait est raconté, à des fins intransitives et non pour agir directement sur le réel, "l'auteur entre dans sa propre mort, l'écriture commence." Selon Barthes, l'auteur est un personnage moderne, fruit d'une époque qui a découvert le prestige de l'individu. [...]
[...] Or quelqu'un entend ces doubles sens : le lecteur (ou l'auditeur). L'être total se dévoile dans l'écriture dans un dialogue de plusieurs écritures issues de cultures multiples, mais il existe un lieu où cette multiplicité se rassemble : non pas l'auteur, mais le lecteur. "L'unité d'un texte n'est pas dans son origine, mais dans sa destination, mais cette destination ne peut plus être personnelle : le lecteur est un homme sans histoire, sans biographie, sans psychologie ; il est seulement ce quelqu'un qui tient rassemblées dans un même champ toutes les traces dont est constitué l'écrit." La critique classique ne s'est pourtant jamais occupée du lecteur au profit de l'auteur. [...]
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