La critique littéraire de la deuxième moitié du XX ème siècle se partage en différents courants tels que la critique sociologique de Lucien Goldmann (dont il sera souvent question dans ce texte), la critique psychanalytique de Charles Mauron, et la perspective critique de Roland Barthes. Ces trois courants sont comparables dans la mesure où ils sont tous relatifs à une science humaine et s'opposent à la manière plus classique d'envisager la critique littéraire, qui se basait à la fois sur les sources historiques et les influences, sur la biographie de l'auteur et sur le sentiment esthétique personnel du critique, souvent relatif aux convenances et aux usages de son époque (...)
[...] Mais Barthes souligne le fait que personne n'ose parler de cela dans une étude littéraire parce que ce n'est pas considéré comme assez rigoureux, le mystère de la création étant quelque chose d'inexplicable, relevant presque de la métaphysique. Barthes explique cette crainte de l'inexplicable en citant des courants de pensée radicaux qui en sont, selon lui, à l'origine : le positivisme qui pousse ses partisants à ne pas se poser la question du pourquoi ? et donc à ne pas chercher l'origine de la création littéraire, la tautologie qui impose la véracité d'un fait sans preuve, et la scolastique qui oblige les explications à être en accord avec les dogmes religieux. [...]
[...] Mais Barthes démontre ici que c'est le désir d'objectivité des critiques qui engendre une étude trop légère, ce qui est paradoxal dans la mesure où s'arrêter dans cette interprétation à un point particulier est un choix qui, par définition, relève de la subjectivité. Dans cette partie, Barthes a donc voulu montrer que la création littéraire se construit sur un système de significations que le critique doit, s'il veut faire une bonne histoire littéraire, déchiffrer de la façon la plus aprofondie possible afin de la faire tendre vers une objectivité absolue. La partie qui suit, est la suite de ce développement d'un point de vue davantage métacritique. [...]
[...] Ici Barthes montre la théorie de Goldmann comme étant la plus aboutie puisqu'il s'agit d'une critique de significations. Autrement dit, l'histoire littéraire devrait être, selon Barthes, une étude des différents sens de l'oeuvre, c'est-à-dire, une herméneutique. Mais il souligne que ce qu'il vient d'énoncer n'est valable que pour la critique historique puisque c'était déjà le cas pour les critiques psychanalytiques (de Charles Mauron) et sartrienne. Selon cela, l'oeuvre devient le signifiant d'un signifié A travers ces mots, Barthes semble faire référence au domaine linguistique dans lequel le signifié et le signifiant sont les deux faces complémentaires du concept de signe linguistique développé par Saussure puis par l'école structuraliste. [...]
[...] La troisième partie de sa réflexion, Barthes la consacre à une étude de la création en tant qu'objet des histoires littéraires en montrant d'abord qu'il s'agit d'un système de significations et en expliquant ensuite comment le déchiffrer. Barthes commence cette étude de la création littéraire en affirmant qu'il faut se baser sur la subjectivité pour étudier un fait puisque l'interprétation des rapports entre l'oeuvre et l'auteur ne peut, selon lui, être quelque chose d'objectif. Une histoire littéraire serait alors la vision psychologique, et donc subjective, du critique sur les oeuvres qu'il étudie. [...]
[...] Barthes insiste ensuite sur la difficulté à étudier les rapports entre une oeuvre et le contexte dans lequel elle fut écrite puisque une oeuvre ne peut être interprétée d'une seule manière, elle n'a pas un unique sens, ce qui rend les frontières floues entre réalité et fiction. C'est pour cela qu'il n'est pas donné à tout le monde de résoudre ce problème : Barthes prend l'exemple des grands philosophes et de critiques littéraires majeurs tels que Taine pour prouver qu'il s'agit d'un travail conséquent et complexe. Selon lui, l'histoire du monde et l'histoire littéraire sont difficilement rapprochables dans la mesure où il y a une mauvaise communication entre ces deux matières qui évoluent de façon indépendante. [...]
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