Commentaire composé semi-rédigé d'un extrait du chapitre 20 Le barrage de feu tiré du roman d'Henri Barbusse "Le Feu".
[...] Le narrateur rend ainsi, sous une forme apocalyptique, une action à laquelle lui-même a participé. II/ Une expérience individuelle et collective Il est intéressant d'observer le système énonciatif du texte : on y remarque l'utilisation répétée de la première personne du singulier et l'emploi de on Ces deux pronoms sont révélateurs de la présence du narrateur et de son appartenance à un groupe. Les indices de la présence du narrateur/acteur La première personne apparaît à plusieurs reprises dans le texte sous la forme du pronom sujet j'ai vu J'ai entrevu Je me rappelle ; Je me souviens soit sous la forme du complément autour de moi me jetant Les verbes utilisés (verbes de perception visuelle) soulignent un rôle d'observateur, mais également un rôle d'acteur. [...]
[...] On est passé, au hasard; j´ai vu, çà et là, des formes tournoyer, s´enlever et se coucher, éclairées d´un brusque reflet d´au-delà. J´ai entrevu des faces étranges qui poussaient des espèces de cris, qu´on apercevait sans les entendre dans l´anéantissement du vacarme. Un brasier avec d´immenses et furieuses masses rouges et noires tombait autour de moi, creusant la terre, l´ôtant de dessous mes pieds, et me jetant de côté, comme un jouet rebondissant. Je me rappelle avoir enjambé un cadavre qui brûlait, tout noir, avec une nappe de sang vermeil qui grésillait sur lui, et je me souviens aussi que les pans de la capote qui se déplaçait près de moi avaient pris feu et laissaient un sillon de fumée. [...]
[...] L'expérience collective englobe tous ceux qui sont cités indistinctement dans le texte : les formes humaines, les faces étranges le cadavre en feu et ceux qui brûlent une file d'illuminations affreuses les morts, les blessés. Le témoignage du narrateur, permis par sa présence sur les lieux et sa qualité de combattant, englobe tous ceux qui se trouvaient dans la même situation. Ils resteront à jamais anonymes, mais cependant évoqués, dans leurs actions, leur courage, leur mort. III/ Un récit vécu et recomposé Le sous-titre du roman, Journal d'une escouade indique qu'il s'agit d'un témoignage pris sur le vif et vécu. Il s'agit aussi d'un roman, ce qui implique une ré-écriture. [...]
[...] On perçoit, à cette manière de faire, la recomposition du récit. Celle-ci apparaît également dans l'utilisation du présent de l'écriture : il correspond au moment où le narrateur reconstitue le récit. On le voit à l'utilisation des verbes comme Je me rappelle je me souviens qui soulignent clairement le décalage dans le temps. L'indication du fonctionnement de la mémoire est d'ailleurs préparée par les verbes de perception au passé composé. Les différents passés du texte Le récit comporte un grand nombre de verbes au passé, dont l'emploi correspond à ce qui a été vécu et qui est rapporté plus tard. [...]
[...] Extrait du chapitre 20, le passage donné ici retrace un épisode particulièrement difficile, le franchissement d'un barrage de feu. Tout le texte est marqué par des images de violence et de destruction, rapportées par le narrateur à la première personne. Acteur et témoin, il joue donc ici un double rôle : retracer une expérience vécue personnellement et collectivement et transformer, par son récit, le témoignage en littérature. Lecture C´est le barrage. Il faut passer dans ce tourbillon de flammes et ces horribles nuées verticales. [...]
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