Lorsque Balzac écrit Splendeurs et misères des courtisanes, le contexte politique de la France demeure difficile. En effet, ce roman d'abord publié dans les journaux sous forme de roman-feuilleton sera finalement édité en 1847, sous la monarchie de juillet de Louis-Philippe. Nous sommes dans une époque où règnent les légitimistes, ainsi que la montée du capitalisme. C'est le règne des banquiers et des hommes d'affaires, Balzac déteste le désordre qu'apporte le capitalisme dans les relations humaines. Sans doute est ce sentiment qui lui fera peindre un personnage à cette image, celui du Baron de Nucingen. Si bien que par ce roman et à travers beaucoup d'autres, Balzac tend à esquisser une étude de son temps, une étude de moeurs qu'il nommera la comédie humaine. L'écrivain désire enfermer toute cette époque dans ce cycle romanesque et faire ainsi « concurrence à l'état civil ».
De là, cet extrait intervient dans la première partie de Splendeurs et misères des courtisanes, au chapitre XV plus précisément. Un peu avant cet extrait, le narrateur nous décrit l'habitude qu'a prise Esther de se promener lors des belles nuits dans les différents bois, accompagnée par le chasseur. Il est ensuite décrit la vie qu'elle mène entièrement consacré à Lucien, à se préparer pour lui, à l'attendre ainsi que le bonheur « fantastique » que tous deux partagent, en somme, une sorte de préparation à l'élément perturbateur qui va venir.
En effet, nous nous retrouvons en premier lieu dans le bois de Vincennes où se déroule la rencontre du baron avec une inconnue. Nous comprendrons un peu plus tard qu'il s'agit là d'Esther, l'amante de Lucien de Rupembré. Ainsi ce passage traite du baron de Nucingen, introduisant ce personnage pour la première fois dans le roman. Ceci donne lieu à une description très complète de l'homme, à la fois, dans sa psychologie, et dans son rapport à l'argent et à l'amour.
Mais sous quelles lumières Balzac nous révèle-t-il le personnage de Nucingen, ainsi que sa rencontre avec Esther ?
Dans un premier temps, nous soulignerons la construction du passage que nous aurons à étudier. Pour dans un second temps, comprendre en quoi il s'agit d'une rencontre à la fois inattendue et perçue comme une révélation. Enfin, dans un troisième temps, nous nous pencherons sur la définition du personnage de Nucingen, pour révéler l'ironie et le ridicule qui pèsent sur lui dans ce passage (...)
[...] Le baron de Nucingen avouait alors soixante ans, les femmes lui étaient devenues parfaitement indifférentes, et, à plus forte raison, la sienne. Il se vantait de n'avoir jamais connu l'amour qui fait faire des folies. Il regardait comme un bonheur d'en avoir fini avec les femmes, desquelles il disait, sans se gêner, que la plus angélique ne valait pas ce qu'elle coûtait, même quand elle se donnait gratis. Il passait pour être si complètement blasé, qu'il n'achetait plus, à raison d'une couple de mille francs par mois, le plaisir de se faire tromper. [...]
[...] Un peu avant cet extrait, le narrateur nous décrit l'habitude qu'a prise Esther de se promener lors des belles nuits dans les différents bois, accompagnée par le chasseur. Il est ensuite décrit la vie qu'elle mène entièrement consacré à Lucien, à se préparer pour lui, à l'attendre ainsi que le bonheur fantastique que tous deux partagent, en somme, une sorte de préparation à l'élément perturbateur qui va venir. En effet, nous nous retrouvons en premier lieu dans le bois de Vincennes où se déroule la rencontre du baron avec une inconnue. Nous comprendrons un peu plus tard qu'il s'agit là d'Esther, l'amante de Lucien de Rupembré. [...]
[...] Il a beau être un homme de pouvoir, son pouvoir ne réside que dans l'argent et sans ce dernier il n'est rien. Il ne connait pas de relations sincères avec autrui, sa femme est hypocrite l.66, Esther le fuit et ses prétendus amis pensent que ses immenses affaires exigeaient des précautions, il fallait absolument savoir à quoi s'en tenir l.74, ce n'est pas du tout le sort du banquier qui les touche, mais de comment doit être gérer son argent si il venait à mourir. [...]
[...] Enfin, devenus les maîtres et attirés par cette curiosité que tout le monde a pu remarquer chez les animaux domestiques, ils s'arrêtèrent, dans un rond-point quelconque, devant d'autres chevaux à qui sans doute ils dirent en langue de cheval : À qui êtes-vous ? Que faites- vous ? Êtes-vous heureux ? Quand la calèche ne roula plus, le baron assoupi s'éveilla. Il crut d'abord n'avoir pas quitté le parc de son confrère ; puis il fut surpris par une vision céleste qui le trouva sans son arme habituelle, le calcul. Il faisait un clair de lune si magnifique qu'on aurait pu tout lire, même un journal du soir. [...]
[...] Aussi le baron fut-il surtout étourdi par cet air de femme noble et grande qu'Esther, aimée, environnée de luxe, d'élégance et d'amour, avait au plus haut degré. L'amour heureux est la Sainte-Ampoule des femmes, elles deviennent toutes alors fières comme des impératrices. Le baron alla, pendant huit nuits de suite, au bois de Vincennes, puis au bois de Boulogne, puis dans les bois de Ville-d'Avray, puis dans le bois de Meudon, enfin dans tous les environs de Paris, sans pouvoir rencontrer Esther. [...]
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