Commentaire composé sur un extrait du roman Le Père Goriot de Balzac relatif à Vautrin, de "Voilà le carrefour de la vie, jeune homme, choisissez" à "L'honnêteté ne sert à rien".
[...] Le travail, compris comme vous le comprenez en ce moment, donne, dans les vieux jours, un appartement chez maman Vauquer, à des gars de la force de Poiret. Une rapide fortune est le problème que se proposent de résoudre en ce moment cinquante mille jeunes gens qui se trouvent tous dans votre position. Vous êtes une unité de ce nombre-là. Jugez des efforts que vous avez à faire et de l'acharnement du combat. Il faut vous manger les uns les autres comme des araignées dans un pot, attendu qu'il n'y a pas cinquante mille bonnes places. [...]
[...] Enfin, l'accent est porté sur l'urgence de l'action par la répétition (martelée) de locutions adverbiales, telles que ce jour-là en ce moment La technique de tentation Derrière la rhétorique que nous venons de mettre en avant, se cache en fait un discours tentateur de grande ampleur. Bon orateur, Vautrin multiplie les adresses à son interlocuteur. Il l'interroge Vous travaillez ? à maintes reprises, mais ses questions restent de nature rhétorique puisqu'il n'en attend aucune réponse. Il s'agit ici d'impliquer le jeune homme, de le séduire, de l'amener à lui. Le rythme de sa parole est rapide, le langage se veut presque familier. [...]
[...] Honoré de Balzac, Le Père Goriot Etude de l'extrait Une leçon de morale très cynique Pour atténuer la brutalité de ses conseils et constats, Vautrin a recours à une critique de l'état de la société dans son ensemble. Ainsi, les leçons qu'il donne à Rastignac apparaissent comme le fruit de la nécessité. L'absence de moralité de Vautrin La fin de l'extrait peut surprendre, voire choquer, puisqu'il se conclue par l'axiome l'honnêteté ne sert à rien Toute la tirade prépare cette conclusion à travers de multiples constats de Vautrin : il rappelle ainsi la mort des idéaux de la Révolution Française comme de l'Empire, provoquant ainsi le sentiment de confusion des jeunes gens sous la Restauration. [...]
[...] Rassurer pour mieux toucher Dès le début de l'extrait, Vautrin cherche à obtenir la confiance de Rastignac. Il crée une proximité entre lui et le jeune homme en répétant le pronom vous mais aussi en se montrant particulièrement direct dans ses paroles : Voilà un gaillard qui me va Cela permet à la fois de valoriser Rastignac, mais aussi d'établir un lien presqu'affectif entre eux. Mais cela ne l'empêche pas de se montrer plus offensif par moments, comme lorsqu'il accuse Rastignac d'avoir saigné [ses] sœurs Il sait cependant atténuer les effets de ce genre d'annonce, en relativisant l'action individuelle par rapport à une loi humaine générale : tous les frères flouent plus ou moins leurs sœurs Ainsi, il mène une attaque tout en disculpant Rastignac de la faute dont il vient de l'accuser. [...]
[...] Parvenir à tout prix. Bravo ! ai-je dit, voilà un gaillard qui me va. Il vous a fallu de l'argent. Où en prendre ? Vous avez saigné vos sœurs. Tous les frères flouent plus ou moins leurs sœurs. Vos quinze cents francs arrachés, Dieu sait comme ! Dans un pays où l'on trouve plus de châtaignes que de pièces de cent sous, vont filer comme des soldats à la maraude. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture