Ayant écouté et refusé les moyens de faire fortune que lui proposait Vautrin, Rastignac a choisit une autre voie, celle indiquée en ces termes pas sa cousine de Beauséant : « Voyez-vous, vous ne serez rien ici si vous n'avez pas une femme qui s'intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche, élégante » (page 115).
Grâce à elle, il a été présenté à Delphine de Nucingen, à qui il a fait, au théâtre des Italiens, une cour ardente. Il lui a ensuite rendu le service de la dégager d'une dette à l'égard de son ancien amant, de Marsay, et leur intimité s'est fortifiée des confidences qu'elle lui a faites sur ses déceptions sentimentales et sur la situation financière étriquée où la réduisait son mari (...)
[...] Il montre, d'autre part, l'éblouissement de Rastignac qui se voit déjà solidement installé dans le grand monde. Le personnage au cœur du récit La narration adopte le point de vue principal, rendu omniprésent, point mire du récit et de l'attention de tous. Le point de vue exclusif de Rastignac organise la description de cette scène de saloon. C'est sa perception des choses qui est exposée. Il est présent grammaticalement dans toutes les phrases, il est appelé Rastignac, ou Eugène, ou l'étudiant, et plus souvent désigné sous forme de pronom sujet ou complément. [...]
[...] La rechute dans les soucis d'argent, et aussi les déceptions de l'amour, vont lui démontrer bientôt que son apprentissage est loin d'être terminé. [...]
[...] Mais on se souviendra que dans la jeunesse de Balzac, une protectrice, Mme de Berny, a été l'amante et la conseillère ; la vision féminisée des salons dans Le père Goriot relève donc aussi du vécu de l'auteur. Un tournant du récit. Ce texte présente un moment clé dans le récit : il nous décrit le point culminant de l'ascension d'Eugène. Il paraît confirmer la vision du monde exposée par madame de Beauséant. Mais cette situation est aussi fragile que brillante, Eugène n'ayant pas les moyens de soutenir son train de vie. [...]
[...] Il n'y a entre lui et eux aucune communication directe. III/ Le retour au réel Le scepticisme railleur de Vautrin s'impose brutalement, sans aucune rupture typographique, dans la suite immédiate de l'émerveillement du bal : Le lendemain, quand, au déjeuner, il raconta ses succès au Père Goriot, devant les pensionnaires, Vautrin se prit à sourire d'une façon diabolique. Cet enchaînement sans solution de continuité en dit long sur le caractère illusoire de l'ivresse mondaine de l'étudiant. En un sourire, Vautrin lui fait entrevoir la fragilité d'une réussite qui n'a pas les moyens matériels de se maintenir. [...]
[...] La suprématie passe de son côté, il se sent en position de supériorité sociale, donc sentimentale, il est celui de qui elle attendait impatiemment un coup d'œil et à qui elle promet pour le soir un baiser refusé la veille. Notez l'intervention de narrateur, qui apporte un commentaire tiré de son expérience personnelle sur la satisfaction éprouvée par l'amant sûr de lui : Pour qui sait deviner les émotions d'une femme Eugène vogue dans l'irréel : adulé, courtisé, il en vient à éprouver de vrais émois de jeune fille ; il se féminise dans ses émotions, il devient comme la coqueluche de tous : merveilleuse soirée, il devait s'en souvenir jusque dans ses vieux jours, comme une jeune fille se souvient du bal où elle a eu des triomphes Cette dernière phrase souligne le climat d'euphorie où baigne l'étudiant qui se voit un peu vite en membre aristocratique. [...]
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