Commentaire composé sur le portrait de Vaudrin dans le roman de Balzac intitulé Le Père Goriot.
[...] L'ordre de la composition Comment a-t-il ordonné les éléments de cette personnalité ? Après une phrase d'annonce qui lui donne le ton, Voilà un fameux gaillard la construction se développe en trois temps : - quelques aspects physiques d'abord : Entre ces deux personnages ne déplaisait point - puis viennent les traits marquants de la personnalité : Il était obligeant tous els sentiments - enfin, les habitudes de vie : Ses mœurs consistaient au dessert Donc trois angles d'observation ont été choisis, trois approches tout à fait logiques et bien propres à faire le tour du personnage : le physique, la personnalité, les occupations. [...]
[...] Force physique et détermination morale. Cette présence du personnage est accentuée par l'union de la force physique est de la détermination morale; pour mieux le donner à voir et à sentir, le narrateur instaure un lien très fort entre ces deux composantes. Vigueur du corps, de l'esprit et du caractère vont de pair; l'âme de Vautrin est bien chez elle dans le corps de Vautrin, l'une façonnée à dessein, semble-t-il, à le mesure de l'autre. Des indices pour le lecteur. [...]
[...] Le champ de son savoir est très large; l'expérience, tel est sans doute le trait dominant d'un personnage qui a bourlingué. Beaucoup de naturel dans la succession des traits avec ce Il connaissait tout d'ailleurs qui enchaîne sur un propos habituel à Vautrin, Ca me connaît Ensuite, le portrait avance avec une vivacité spontanée, construit sur une énumération en cascade de substantifs pour marquer la multiplicité de ses informations : les vaisseaux, la mer, la France, les affaires, les hommes, les évènements, les lois, les hôtels et les prisons Essayons de classer des divers registres de cette diverse expérience : - d'abord, on regroupe «les vaisseaux, le mer, la France, l'étranger : ces termes marquent le mouvement, Vautrin n'est pas un sédentaire, il connaît des pays, il a couru le monde, il a mené une vie aventureuse; - ensuite, on rapproche les affaires, les hommes, les évènements : ce n'est pas un contemplatif, ni homme d'étude, mais un praticien, il a été mêlé aux choses et aux gens, en acteur fortement impliqué; - enfin, on réunit les lois, les hôtels et les prisons : ici apparaît son originalité, il a réfléchi à l'ordre social, il a eu affaire avec la loi; il a vécu en itinérant, sans domicile permanent, et peut-être a-t-il connu la prison. [...]
[...] Mais le narrateur est fort bien informé de la suite et il nous livre une piste de lecture. Son pouvoir scrutateur, sa pénétration, sa perspicacité : son œil semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes les consciences, de tous les sentiments au fond des choses et des gens. Le regard constitue pour Vautrin un moyen privilégié d'investigation des êtres, il devinera aisément Rastignac. Les contrastes du personnage Ce portrait nous est donné comme une énigme à déchiffrer, il contient des indices par lesquels le narrateur prépare le dévoilement futur du personnage. [...]
[...] De mystérieuses activités. L'homme est très occupé à l'extérieur, le centre de gravité de sa vie se situant hors de la pension : Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit Il est indépendant et dissimulé, il jouit d'un statut particulier, le passe-partout dont il disposé seul et qui constitue un moyen de liberté et de discrétion. Une fausse bonhomie. La curieuse affection qu'il déploie à l'égard de la propriétaire qu'il appelait maman en la saisissant par la taille s'interprète comme une sage précaution : elle est la maîtresse de maison, il capte sa bienveillance en homme qui, se sachant de redoutables ennemis à l'extérieur, cherche des alliés et assure sa sécurité dans le monde clos de la pension. [...]
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