Le portrait de Madame Vauquer constitue le prolongement naturel de la description de la pension qu'elle tient à Paris.
Madame Vauquer est présentée la première parce qu'elle symbolise de façon exemplaire le lien qui unit personnages et décor. Elle est le produit le plus élaboré de sa pension, qu'elle a modélisé à son image au fil du temps. L'influence déterminante et réciproque du milieu de vie sur certains êtres est ici clairement analysée. Cette conviction de Balzac est manifestée dans la dédicace du roman au naturaliste Géoffroy Saint-Hilaire dont tous les travaux se rattachent à l'idée de l'unité de composition organique de l'ensemble des êtres vivants, toutes les espèces zoologiques ayant constitué leurs formes distinctives en fonction de leur milieu de vie. Selon Balzac, à l'intérieur de l'espèce humaine coexistent des espèces sociales plus restreintes, modelées par leur milieu.
Problématique : Comment la veuve Vauquer est-elle l'illustration par l'exemple de la théorie des milieux appliquée aux groupes humains ?
[...] Ainsi, les contradictions de son portrait physique vont de pair avec le mystère de sa personnalité . Est-elle cette bonne femme au fond (expression utilisée par les pensionnaires de madame Vauquer) dont il est question quelques lignes après l'extrait Elle est à la fois ridée et dodue, elle a un embonpoint, mais blafard (cette pâleur est plutôt un signe de maladie), son corsage est trop plein mais flotte III] L'emprise du décor sur l'être Tout le texte est construit sur un même mode, celui d'une assimilation de la maîtresse de maison aux lieux sur lesquels elle règne, relation de dépendance réciproque et d'imbrication, c'est-à-dire de liaison étroite . [...]
[...] Conclusion Cet extrait est un bel exemple de l'usage que Balzac sait faire de la description. La propriétaire ayant passé dans ces lieux le plus long de sa vie, son portrait constitue la plus vraisemblable et la plus parfaite illustration de la théorie des milieux. [...]
[...] Madame Vauquer représente la petite bourgeoisie qui, sous la Restauration, se caractérise principalement par l'appât du gain et de l'argent et est une catégorie sociale déchue (dépourvue de pouvoirs). - Ligne 16 : Le bagne ne va pas sans l'argousin : Cette métaphore carcérale rappelle que, de même que le bagne suppose un agent de police, la pension est liée à sa tenancière. - Ligne : l'embonpoint ( ) est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital. [...]
[...] Le décor Il est ironiquement magnifié : Cette pièce est dans tout son lustre lustre signifiant éclat, de l'italien lustro = lumière. On dirait alors une scène illuminée sous les feux de la rampe. Madame Vauquer annoncée par son chat Tout comme au théâtre où les seconds rôles précèdent la vedette, Madame Vauquer est annoncée par son chat, comme le chambellan avant Sa Majesté. Notons que ce chat est vif et sautillant ce qui soulignera davantage, par contraste, la pesanteur de sa maîtresse, et qu'il fait entendre son rourou alors que sa maîtresse aura l'amer renfrognement de l'escompteur . [...]
[...] Elle ressemble à toutes ces choses vieilles et sales qui l'entourent, et la narration met tout en œuvre pour lui faire une apparence déplaisante. Une apparence physique des plus ingrate Une juxtaposition des traits à l'aide de groupes nominaux et de subordonnées relatives fournit la dynamique du portrait. - Des diminutifs (suffixes -otte et -ette rapetissent et infantilisent le personnage, le vouent à l'insignifiance : vieillotte grassouillette à la ligne 7. - La répétition dévalorisante de l'adjectif petite : petites mains potelées cette petite femme ;17 ;18). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture