Figure majeure du roman réaliste, Balzac (1799-1850) est l'un des plus grands écrivains français de la première moitié du XIXe siècle.
Instigateur de l'immense projet littéraire que constitue La Comédie Humaine, Balzac vise à travers ses romans à décrire la société de son époque, les classes et individus qui la composent et les mentalités qui s'y développent (...)
[...] Honoré de Balzac, Le Père Goriot Commentaire Un père martyre La tragédie du Père Goriot Le Père Goriot se révèle être une véritable figure tragique dans son agonie. D'ailleurs, l'ensemble de l'œuvre était décrite par Balzac comme une effroyable tragédie parisienne Cet aspect tragique passe par plusieurs dimensions : - la fatalité qui pèse sur lui : Mais je serai mort - l'image de la paternité frustrée jusqu'à la folie : l'habitude de m'ouvrir les entrailles a ôté du prix à tout ce que je faisais On voit que son sens de la famille n'a aucune limite ; il propose aussi de se crever les yeux pour elles. [...]
[...] Mais allez donc, dites- leur donc que, ne pas venir, c'est un parricide ! Elles en ont assez commis sans ajouter celui - là. Criez donc comme moi : " Hé, Nasie ! Hé, Delphine ! Venez à votre père qui a été si bon pour vous et qui souffre ! " Rien, personne. Mourrai- je donc comme un chien ? Voilà ma récompense, l'abandon. Ce sont des infâmes, des scélérates ; je les abomine, je les maudis ; je me relèverai, la nuit, de mon cercueil pour les remaudire, car, enfin, mes amis, ai- je tort ? [...]
[...] Les visions morbides du Père Goriot Car tout cela n'est pas une simple colère ponctuelle : le Père Goriot est en train de mourir. C'est pour cela d'ailleurs qu'il se remémore sa vie : en ce moment je vois ma vie entière à l'image de nombreux mourants. Alors qu'il visualise sa mort, il se rend également compte qu'il va mourir dans la solitude, abandonné par ses filles. La souffrance se teinte alors de vengeance et de colère. Il anticipe pour ses filles la même mort que celle qu'elles lui infligent, une mort solitaire et atroce. [...]
[...] Elles n'ont jamais su rien deviner de mes chagrins, de mes douleurs, de mes besoins, elles ne devineront pas plus ma mort ; elles ne sont seulement pas dans le secret de ma tendresse. Oui, je le vois, pour elles, l'habitude de m'ouvrir les entrailles a ôté du prix à tout ce que je faisais. Elles auraient demandé à me crever les yeux, je leur aurais dit : " Crevez-les ! " Je suis trop bête. Elles croient que tous les pères sont comme le leur. Il faut toujours se faire valoir. Leurs enfants me vengeront. Mais c'est dans leur intérêt de venir ici. Prévenez- les donc qu'elles compromettent leur agonie. [...]
[...] - la générosité du Père qui pense à ses filles malgré tout et demande à Rastignac de porter de l'amour à Delphine : Aimez- la, soyez un père pour elle Ainsi, Balzac suscite chez nous un mélange de pitié et d'admiration, ce qui est un ressort traditionnel du pathétique. Conclusion L'agonie du Père Goriot se révèle être un passage intense, qui réunit dans un monologue désespéré souffrance, cri d'amour et de rage, désir de vengeance et culpabilité quasi-immédiate. Elevant son personnage au rang de héros tragique et de figure religieuse, Balzac nous livre une vision de folie passionnelle profondément pathétique. [...]
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