Honoré de Balzac est un romancier (1799-1850) dont la carrière littéraire commença très tôt avec un vif succès. D'abord influencé par le romantisme puis résolument réaliste, il est connu pour avoir écrit plus de quatre-vingt-dix romans réunis dans la Comédie humaine qui met en scène deux mille personnages. La Maison Nucingen dont on étudie ici l'incipit raconte la réussite d'une famille de banquiers à l'époque de la restauration (1824-1830). En quoi ce début de roman annonce-t-il une satire sociale ? Nous étudierons en premier lieu le sujet de la conversation et les interlocuteurs qui l'animent puis nous évoquerons le portrait suggéré de Rastignac et enfin aborderons la position des femmes sous la Restauration.
[...] Le sujet qui occupe les personnages présents est Rastignac de la ligne 14 à la ligne 38. Il est question de sa famille, son nom est cité treize fois et repris par le pronom "il". Le narrateur-personnage écoute une conversation entre Bixiou (l 11-16-29-31), Blondet (l 14-19-28-35-41), Finot (l 14-17-25-30) et Couture (l 20). Le discours rapporté directement se présente sous forme de répliques avec verbe introducteur "dit" (l 13,18,26,27,44) "demanda" (l 15, 19), "répondit" (l 16) ou par des propositions incises ("dit" l 33, 35). Cette conversation est qualifiée de "pot-pourri, de choses sinistres" (l 8) (...)
[...] ]dans une misérable pensions» il a laissé l'usufruit du domaine à sa mère 26-27) et sur des informations subjectives comme l'expression hyperbolique sa famille mangeait des hannetons rôtis 22). Une part d'imagination intervient donc dans les propos des personnages. On dirait que les interlocuteurs essaient de retracer le parcours de Rastignac afin de le suivre. La médisance devient rumeur quand elle est entendue et rapportée. En faisant le choix du discours direct, Balzac permet au lecteur d'entendre la conversation surprise par le narrateur derrière la cloison d'un restaurant. [...]
[...] En effet, c'est après un refus de Rastignac à Pinot 14-15) que les propos malveillants se développent et s'amplifient, tout est passé au crible: sa fortune, sa famille, son passé, son présent. Jaloux, les interlocuteurs laissent entendre que c'est forcément par malhonnêteté que Rastignac est arrivé au sommet où il est actuellement. Mais cette critique n'est pas seulement fondée sur l'envie 30-34), Blondet est plus nuancé que Finot vis à vis de Rastignac ( l 18-19 et 35-36) car en tant que journaliste, il parait craindre une censure du futur ministre Rastignac. [...]
[...] Objet d'étude: Le personnage de roman Honoré de Balzac La Maison Nucingen (1838) Après avoir tiraillé dans le cercle des personnes de connaissance, la Médisance se mit à fusiller les amis intimes. Un signe suffit pour expliquer le désir que j'avais de rester et d'écouter au moment où Bixiou prit la parole, comme on va le voir. Nous entendîmes alors une de ces terribles improvisations qui valent à cet artiste sa réputation auprès de quelques esprits blasés, et, quoique souvent interrompue, prise et reprise, elle fut sténographiée par ma mémoire. [...]
[...] La maison de Nucingen semble fondé sur l'étude de l'évolution des personnages. C'est l'histoire d'une ascension, celle de Rastignac et en arrière-plan celle de Nucingen et Bonaparte. On peut le rapprocher du roman de formation L'Amérique de Kafka qui narre l'apprentissage du protagoniste Karl Rosmann, jeune homme exilé de 17 ans mais à l'inverse de Rastignac, Karl, en cherchant à s'intégrer dans la société américaine, va connaître un parcours chaotique faisant de lui un anti-héros naif, dépassé et humilié . [...]
[...] Le gars a eu le bon esprit de s'attacher à une femme riche. Mes amis, tenez-lui compte des circonstances atténuantes, dit Blondet, il est tombé dans les pattes d'un homme habile en sortant des griffes de la misère. Tu connais bien Nucingen, dit Bixiou ; dans les premiers temps, Delphine et Rastignac le trouvaient bon ; une femme semblait être, pour lui, dans sa maison, un joujou, un ornement. Et voilà ce qui, pour moi, rend cet homme carré de base comme de hauteur : Nucingen ne se cache pas pour dire que sa femme est la représentation de sa fortune, une chose indispensable, mais secondaire dans la vie à haute pression des hommes politiques et des grands financiers. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture