Oral de bac de français/commentaire de texte : "La ballade des pendus", de Théodore de Banville
[...] En associant beauté de la nature et horreur du supplice, Banville dénonce d'autant mieux le sort réservé aux condamnés : le lecteur est pris d'effroi, il ressent une émotion, une injustice qui le révolte. Le verger du roi Louis, qui devrait être un lieu paisible et de divertissement, est en réalité un endroit sinistre où s'entassent les morts : ce contraste renforce l'idée de cruauté du roi. Quelle image du poète nous donne Banville ? Acrobate de la rime et des mots, par ses habiles associations et ses contrastes saisissants, le poète crée l'émotion et suscite la révolte du lecteur. [...]
[...] Il est admis que Banville reprend l'image du roi Louis XI. Né en 1428, Roi de France de 1461 à sa mort en 1483, il a été décrit dès le Moyen-Age comme un tyran sanguinaire, avant d'être réhabilité par les Historiens, qui le décrivent aujourd'hui comme un habile homme d'Etat, sans doute ni plus ni moins violent pour son temps. La pratique de la pendaison de masse décrite dans ce poème fait, en effet, partie des mœurs de l'époque. Il n'en reste pas moins que c'est cette image de brutalité que reprend Banville dans son poème pour dénoncer l'injustice et l'horreur des châtiments d'un pouvoir arbitraire. [...]
[...] Ici, par exemple, le début du poème baigne dans une grande douceur lors du réveil de la déesse « Flore », qui symbolise la Nature, la végétation et l'agriculture dans l'Antiquité romaine. Hommage à une forme poétique médiévale : la ballade Banville fait revivre un poème à forme fixe qui n'est plus en usage au XIXème siècle : la ballade médiévale. Qu'est-ce qu'une ballade ? C'est un poème en trois strophes suivies d'un envoi (une adresse). Le dernier vers de la première strophe (« Ref1») est répété à la fin de chaque strophe ainsi qu'à la fin de l'envoi. Ce vers joue le rôle d'un refrain. [...]
[...] Contrairement à la version de Villon, qui fait parler les pendus, on n'accède pas à leurs pensées dans la ballade de Banville (« Ref7 »). Chez Banville, les pendus sont comme des éléments du décor (« Ref8 »). Loin de le rendre terrifiant, Banville semble adoucir son sujet à l'extrême. Le mot « pendus » est ainsi enfoui dans ce « Ref9 ». La diérèse dans la rime ouis fait entendre des chants d'oiseaux qui pépient : la ballade de Banville voit la beauté au cœur même de la mort et du misérable spectacle des pendus. [...]
[...] Alors qu'il est absent dans le poème de Villon, le mot « pendus » est repris quatre fois chez Banville, insistant sur le spectacle morbide. Le texte de Villon, plus encore, est imprégné de l'idée de la mort et de la souffrance aussi bien physique que morale : Villon donne la parole aux pendus réclamant le pardon au nom de la charité chrétienne. Théodore de Banville affirme donc par cette ballade son attachement au romantisme lyrique médiéval et plus particulièrement à François Villon, qu'il admirait et considérait comme un maître. [...]
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