On ne badine pas avec l'amour, Scène 3, Acte III, Musset (1834) - Un stratagème apparemment efficace mais destiné à l'échec

Thèmes abordés

On ne badine pas avec l'amour, Musset, figures de style, Perdican, Camille, Rosette, mise en abime, stratagème, amour, société, théâtre, syntaxe

Résumé du document

Musset est représentatif du romantisme, mais il s'en détache car il ne se voit pas dans le romantisme social. Il n'a pas été en phase avec les gens de son époque. Il fut à la fois poète, romancier, dramaturge et c'est à cette dernière facette de son talent à laquelle nous allons nous intéresser en étudiant un extrait de la scène 3 de l'Acte III de On ne Badine pas avec l'amour.
Perdican, en conformité avec les désirs de son père, souhaite épouser sa cousine Camille, mais celle-ci, élevée dans un couvant, a décidé d'y retourner pour prendre le voile (pour devenir religieuse). Particulièrement vexé par une lettre de Camille à une religieuse qu'il a intercepté, il monte alors un stratagème : c'est à ce stratagème que nous assistons. Celui-ci a un succès relatif, ce sera notre fil conducteur.

Extraits

[...] Conclusion Pour rendre sa cousine Camille jalouse et la forcer à avouer son amour, Perdican monte un stratagème en jouant la comédie de l'amour auprès de Rosette, une petite paysanne. Mais ce stratagème en apparence léger, amusant et efficace, fait en fait souffrir les personnages concernés et va engendrer inévitablement le désastre final. Le stratagème est important au théâtre, car il permet la multiplication des intrigues et des rebondissements. Il est source de comique, mais aussi de tragique et c'est bien sur ce que nous voyons dans la pièce de Musset puisque dans la dernière scène ; Rosette, cachée, entends le duo d'amour entre Camille et Perdican et elle comprend qu'elle n'a bien sûr été que l'instrument d'un stratagème, Perdican s'est moqué d'elle et elle ne survit pas à cette révélation. [...]

[...] Il y a l'aspect précieux du matériau qui compte pour une petite paysanne. Cela sous-entend que leurs destins sont liés. La question rhétorique de Rosette, résonne son étonnement et sa joie. Perdican enhardit par son texte et fait un autre geste très visuel avec la bague. Regarde à présent cette bague se passe une scène très traditionnelle des deux amants qui se regardent dans l'eau et bien sûr cette union virtuelle prélude à une autre qui le sera beaucoup moins. C'est un succès avec Rosette. [...]

[...] (Fin du texte) Son stratagème n'est très peu crédible, car Perdican qui s'enorgueillit de son savoir, et dit qu'il aime Rosette puisqu'elle manque de savoir. On voit bien sûr que Rosette est prise dans l'engrenage d'une ignorance ancestrale. Elle agit mécaniquement sans comprendre d'une façon très rituelle. Rosette confirme que ce stratagème ne l'a pas convaincu avec sa dernière réplique l'appelant mon seigneur une nouvelle antonomase montre la distance sociale et Comme vous me parlez qui montre que ce qu'elle a retenu est l'abondance de ses paroles. [...]

[...] Ceci révèle la distance intellectuelle infranchissable entre elle et lui. Elle termine avec un futur comme je pourrais , elle a la certitude que l'avenir est voué à l'échec. Le stratagème de Perdican jette la jeune paysanne dans une incompréhension douloureuse, mais Perdican n'est pas plus à l'aise. Le stratagème piégé (Jusque cellule ) Perdican comprend la faiblesse de son stratagème ; il reprend les propos de Rosette par anadiplose (reprendre les paroles de l'interlocuteur) et confirme qu'il y a entre eux une grande distance intellectuelle et sociale. [...]

[...] C'est bien sur une jalousie amoureuse et sociale (le fait que Perdican choisisse la paysanne). réplique de Perdican : la réplique est encadrée par une référence à la passion je t'aime notre amour . Et nous avons aussi un intéressant passage du -je au -nous, ce qui sous-entend aussi que Rosette partage sa passion. Rosette est la gardienne d'un passé heureux et ceci elle va le perpétuer en épousant Perdican et dans le présent, car ils vont se marier. Il joint cette idée à une habileté oratoire, il clame sa passion. [...]