Racine, "Phèdre", Acte I scène 3 : aveu de Phèdre à Oenone

Résumé du document

Dans le cadre de l'étude d'une oeuvre intégrale, Phèdre de Racine, ce document présente une première lecture méthodique : l'aveu de Phèdre à Oenone, Acte I, scène 3, Vers 269 à 316.

Extraits

[...] On relèvera dans ce passage le champ lexical, très abondant, de la vue, qui traduit le caractère obsessionnel de cet amour : Je le vis sa vue Mes yeux le voyant sans cesse . J'ai revu C'est en raison même de la soudaineté et de la violence des sentiments éprouvés par celui ou celle qui tombe amoureux qu'on appelle cet instant un coup de foudre les manifestations physiques de la passion amoureuse : La première vision est suivie de violentes réactions affectives qui se traduisent par des troubles physiologiques. [...]

[...] Ainsi, cette malédiction fatale, sous la fore d'une hérédité inéluctable, pousse à des amours scandaleuses les femmes de la famille de Phèdre. Vénus se venge ainsi du Soleil qui a révélé sa liaison adultère avec le dieu Mars : amours monstrueuse de Pasiphaé, la mère de Phèdre, avec un taureau (d'où naquit le Minotaure etc.) Amours malheureuses d'Ariane, la sœur de Phèdre avec l'ennemi grec Thésée ; son propre amour interdit pour Hippolyte. Différentes tentatives vaines pour échapper à cette malédiction : - Les sacrifices à la déesse : face à la violence des tourments qu'elle subit, il n'y a qu'un remède : la prière pour détourner la fureur divine. [...]

[...] Par la suite, l'amour se manifeste par une série de paradoxes et par un excès qui témoignent de son intensité mais aussi du désordre subi par Phèdre. PHEDRE, HEROÏNE TRAGIQUE VICTIME DE LA FATALITE Cette passion est subite et si violente qu'elle ne peut s'expliquer d'un point de vue strictement humain. Sa violence même la désigne comme une vengeance divine : Je reconnus Vénus et ses feux redoutables D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables. Une malédiction de Vénus : Phèdre voit dans son amour pour Hippolyte une malédiction divine. [...]

[...] A nouveau l'imparfait duratif indique l'éphémère durée d'un relatif repos dans la fidélité conjugale : Je respirais Oenone .Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.» Mais le remède de l'absence se révèle aussi dérisoire que celui des prières à Vénus : Comble de l'ironie du sort, c'est Thésée lui-même qui ramène Hippolyte à Trézène. Vaines précautions, cruelle destinée ! conclut Phèdre et effectivement, ce ne peut être que le destin qui s'acharne ainsi sur elle. Phèdre est bien ici une héroïne tragique au sens de la tragédie grecque : elle est la victime des Dieux. PHEDRE , COUPABLE OU INNOCENTE ? La force décuplée de la passion. [...]

[...] Nous essaierons enfin de comprendre si elle est coupable ou innocente et nous verrons que cette contradiction est au coeur même du conflit qui fait de Phèdre une héroïne tragique. MANIFESTATIONS DE L'AMOUR : naissance de la passion amoureuse, le coup de foudre et ses effets. Dans un premier temps, Phèdre remonte à l'origine de sa passion (ce qui permet à Racine de compléter la scène d'exposition). naissance de l'amour Le récit s'ouvre sur l'image d'un bonheur fugace évoqué à l'imparfait Mon bonheur semblait être affermi : Phèdre mariée à Thésée vivait apparemment heureuse, quand elle voit pour la première fois Hippolyte. [...]