Dans notre société, l'argent, omniprésent, est devenu le moyen par excellence. Cependant, Voltaire, dans ses Lettres philosophiques, écrit ceci : « Je ne sais pourtant lequel est le plus utile à un État, ou un seigneur […] qui se donne des airs de grandeur en jouant le rôle d'esclave dans l'antichambre d'un ministre, ou un négociant qui enrichit son pays […] et contribue au bonheur du monde ». Il s'agit ici de se demander si le pouvoir est lié à l'apparence ou au fruit d'un travail, les deux étant soit demandeurs, soit vecteurs d'argent.
La problématique suivante peut donc être posée : dans quelles mesures l'argent amène-t-il le pouvoir ? Nous étudierons cette problématique en nous appuyant sur les trois œuvres au programme : la comédie de Molière "L'Avare", le roman d'Émile Zola "L'Argent" et l'œuvre philosophique de Georg Simmel, "La philosophie de l'argent".
[...] L'argent peut donc recentre tout notre intérêt sur lui-même et nous priver ainsi de tout accès au pouvoir. L'argent, à cause de son caractère de moyen universel et omniprésent, peut annihiler en nous toute fin. Il ne reste que les moyens. C'est ce qui se passe pour le cynique. Il n'a plus de but et ne voit que les moyens. Ainsi il ne s'intéresse pas au pouvoir. Dans la civilisation de l'argent, tout a un prix donc rien n'a de valeur, plus rien ne suscite d'intérêt. [...]
[...] Comme le souligne Simmel dans La philosophie de l'argent, la personne qui nous est la plus indifférente est pour nous la mieux placée pour effectuer le commerce de l'argent. Ainsi, en devenant des étrangers les uns pour les autres, on se prive mutuellement de pouvoir, car au sein d'un État, les étrangers n'ont aucun pouvoir. L'argent, par sa nature aliénante, est donc privatif de pouvoir. Cependant, le pouvoir, tout comme l'argent, n'est pas une fin en soi mais un moyen. [...]
[...] L'argent est par définition le moyen par excellence comme l'écrit Georg Simmel dans La philosophie de l'argent. C'est un étalon sur lequel les hommes se basent pour harmoniser l'échange des biens. Il sert également à obtenir des services. Celui qui le possède peut donc accéder au pouvoir ou au moins faciliter cet accès. Grâce à ce caractère universel, l'argent tend même à s'imposer comme le seul moyen puisqu'il permet d'obtenir tous les autres. Ainsi, dans L'Avare de Molière, Cléante, pour s'enfuir avec Marianne se voit contraint d'emprunter, à n'importe quelle condition, pour obtenir de l'argent et obtenir ce qu'il désire. [...]
[...] Sommes-nous toujours condamnés à repousser nos fins ou plutôt à les utiliser comme moyens pour atteindre d'autres fins ? [...]
[...] Ainsi, dans le roman L'Argent, écrit par Zola, Gundermann possède une suite d'hommes de main avec lesquels il peut choisir d'aider ou de faire tomber L'Universelle : Gundermann, lui si maître des faits et des hommes De même, dans L'Avare, de Molière, Harpagon, pourtant haïssable au plus haut point, a à son service des valets travaillant pour lui. Il peut, il a le pouvoir de s'acheter cette suite. Celui qui possède maîtrise l'argent et peut donc posséder et maîtriser le pouvoir. L'argent amène avec lui également quelque chose de plus. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture