Les autos tamponneuses, Stéphane Hoffman, désenchantement, amour, vie à deux
On peut désormais entrer un peu plus précisément sur l'histoire que nous narre l'auteur. Elle se situe à la pointe de la Bretagne, dans le Morbihan, autour de Vannes. Le principal personnage et narrateur du roman se nomme Pierre. La cinquantaine bien tassée, il est à la tête d'une entreprise de grande envergure, reprise à la mort de son fondateur et beau-père. Sauf que Pierre s'ennuie dans ses bureaux de la Défense. Le travail l'use, ne l'intéresse plus. Les rapports humains dans le monde du travail, qui ont donc d'humain que le nom, l'épuisent. Il décide donc de raccrocher et d'aller vivre une retraite vivifiante à Vannes. Sauf que sa femme Hélène, qui ne le côtoyait que les week-ends depuis 40 ans, ne voit pas cela d'un bon œil. Pour elle, même si l'amour est encore là, la vie à deux tous les jours n'est plus possible. Un homme doit rester au travail jusqu'à la fin de sa vie, il ne doit pas venir papillonner dans un intérieur réservé aux femmes. Du coup, contraints et forcés de cohabiter sans qu'aucun des deux ne le désire, ses deux personnages hauts en couleurs doivent réapprendre à vivre ensemble, alors que leur jeunesse est derrière elle et que les soubresauts de la vie n'ont faits que les éloigner l'un de l'autre.
[...] Du coup, comme le seul intérêt d'Hoffman est de mettre sa patte sur le livre, d'être originale dans sa forme, le travail sur le fond est raté. La plus grosse déception pour moi a été de ne pas retrouver le titre du livre dans ce dernier. L'idée du rapprochement entre les autos tamponneuses et un couple est particulièrement bien pensée. Dans le livre, cette comparaison ne voit pas le jour dans les faits, puisque les deux personnages sont à l'arrêt dans leur relation. [...]
[...] D'ailleurs, Hoffman fait régulièrement des infidélités à Albin Michel pour publier aux Editions du Rocher. Son roman Château Bougon, sorti en 1991, lui permet de sortir un peu de l'anonymat grâce au prix Roger Nimier qu'Hoffman a reçu. En 2000, il obtient également le prix Louis Barthou, remis par l'Académie Française, avec son roman Journal d'un Crétin. Les œuvres de Stéphane Hoffman sont reconnaissables par une écriture quelque peu cinglante, directe et brève mais aussi une volonté d'aller à contre-courant des sujets abordés en temps normal ou d'une certaine pensée unique. [...]
[...] Donc, par une mise en page véritablement non ordinaire, l'auteur réalise une satire de notre société actuelle. Pourtant, cette mise en page provoque, à mon sens, une difficulté à la lecture. Au-delà du sourire de l'instant, un passage comme celui sur Proust est hors-contexte, nuit à l'histoire et empêche le lecteur de véritablement entrer dans celle-ci. On reste spectateur des frasques scripturales d'Hoffman, qui remplace à ses moments là son narrateur, sans avoir l'impression qu'il nous invite à partager ces dernières. [...]
[...] Il n'a pas réussi car pour arriver à ses fins, il souhaitait amener la comédie par son style direct et parlé, ce qu'il sait faire, et le coté tragique par l'intrigue. Or, celle-ci est trop largement bâclée pour provoquer ce sentiment de gravité. Du côté de la réception, Les auto tamponneuses ont finalement provoqué divers sentiments, à la fois dans la presse que chez les lecteurs. Tous reconnaissent en Hoffman une capacité à décrire d'une belle manière la bourgeoisie et ses vices. [...]
[...] D'autres fois, des chapitres commencent par une citation ou alors des vers poétiques sont inclus entre deux paragraphes. Hoffman n'hésite pas à faire un encadré reprenant un carton d'invitation envoyé à des amis. Toute cette mise en page est très originale, fait variée le récit, fait sourire de temps en temps car elle nous sort de l'ordinaire. Par exemple, dans un chapitre, l'auteur sort littéralement de son roman pour reprendre le passage de la Madeleine de Proust dans un chapitre intitulé Marcel Proust, précautions d'usage. [...]
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