Proposition de commentaire relatif à l'article "Autorité", rédigé par Diderot. A travers cet article magistral et célèbre, Diderot met en place un système de réflexion inhérent à la philosophie des Lumières, en remontant à la source originelle d'un problème : l'origine du pouvoir. Aporie intellectuelle ? Certainement pas... Diderot montre avec brio les causes et les conséquences de l'autorité en réduisant la complexité du problème à des faits simples...
[...] L'article Autorité se révèle à la fois dangereux mais persuasif : par l'expression d'idéaux nouveaux pour l'époque, Diderot remet en cause tout une hiérarchie politique érigée sur l'autorité dans des nations prétendues policées, comme la France. En effet, en reniant toute forme d'autorité, même celle paternelle, jugée éphémère, Diderot conteste et rejette l'absolutisme qui induit l'oppression des peuples et la négation de Dieu, qui interdit l'être humain de supplanter sa place. [...]
[...] En fait, parce que Diderot s'adresse à la population du 18ème siècle, croyante et très chrétienne, il recourt à la religion, argument définitif. Ainsi, Dieu est assimilé à un philosophe à travers l'expression par raison et avec mesure Diderot tente ici de remporter l'adhésion du lecteur et pointe alors du doigt l'absolutisme français, contraire à la religion. Même s'il n'emploie pas les termes monarchie de droit divin, Diderot conteste alors le régime qui existe notamment en France en montrant que le pouvoir de Dieu est toujours immédiat puisqu'il ne communique pas ses droits. [...]
[...] Quant au mot usurpation aggravé par la formule restrictive n'est qu'une il soulève le caractère illégitime et arbitraire d'une autorité emparée par la force. C'est d'ailleurs pourquoi l'explication instaure une relation dominant/dominé par les termes commande/obéissent relation susceptible de s'inverser de manière tout à fait légitime, ce que signale l'expression autant de droit et de justice Diderot annonce ici la nature du rapport de force qui répond à la loi du plus fort Ainsi, le comparatif d'égalité autant de doit et de justice la proposition subordonnée de conséquence amorcée par l'articulation en sorte que et l'idée suscitée par la même loi justifient d'ailleurs le recours à la violence pour s'affranchir d'un pouvoir né d'une usurpation C'est là une légitimation claire et limpide de mouvements révolutionnaires destinés à éroder les piliers d'une autorité jugée illégitime. [...]
[...] Invitant son lecteur à réfléchir par le subjonctif qu'on examine bien dénotant une démarche d'observation réflexive incluant également l'auteur, Diderot pose par l'emploi du futur fera de l'adverbe toujours et par l'exposé en parallèle de deux sources opposées, la force et la violence/ou le consentement les deux origines antithétiques de l'autorité. Le lecteur s'attend par conséquent à l'analyse successive et précise des deux formes d'autorité. C'est bien à travers une démarche argumentative comparable à celle d'un essai que Diderot parvient à expliquer l'origine non naturelle de l'autorité en développant ses deux formes principales. [...]
[...] En quoi l'article s'avère-t-il alors particulièrement audacieux ? Parce que l'engagement de l'auteur émaille le fragment littéraire analysé, nous nous demanderons dans une première partie si cet extrait est un article d'Encyclopédie ou d'essai. Dans un second temps, nous analyserons l'opposition entre les deux origines antithétiques et non naturelles de l'autorité. En premier lieu, l'extrait soulève une ambiguïté quant à sa forme puisque se brouillent les frontières entre discours raisonné et prise de position personnelle. Alors, s'esquisse une structure d'ensemble rigoureuse en faveur de la première proposition. [...]
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