L'automne, saison d'un effeuillement mélancolique, du passage et du déclin est un thème privilégié dans la poésie depuis le romantisme comme on le voit avec L'automne de Lamartine, puis avec Chant d'automne, dans les Fleurs du mal de Baudelaire, ou Chanson d'automne dans Les poèmes saturniens de Verlaine. Il l'est donc aussi dans les mélancoliques poèmes de Guillaume Apollinaire, intitulés Alcools et publiés en 1913, que ce soit dans Les Colchiques, le Signe ou Automne Malade. Ce dernier poème situé vers la fin du recueil déroule le thème en associant instinctivement à la tristesse maladive de la saison, la sensibilité elle-même presque maladive du poète.
[...] Pour répondre à cette question, nous étudierons l'originalité de la structure poétique, puis la part de tradition et d'originalité dans le choix et le traitement du thème. I. Une structure originale A. Structure poétique - Ce poème n'est pas de forme fixe : il est composé de 23 vers qui sont tous de nature différente, il s'agit donc de vers libres. Il n'y a donc pas de tradition lyrique avec ces strophes inégales composées de vers hétérométriques. - Il continue son jeu de déconstruction avec des faux distiques et un quatrain final. [...]
[...] Le quatrain se termine par un alexandrin de six versiculets de dissyllabes. La composition est très sophistiquée et originale, car les strophes sont différentes et ne ressemblent pas à qu'elles sont supposées être. En effet, le poète, en tant que mystificateur, joue avec les longueurs pour mieux interpréter et traduire l'incertitude et la tristesse de la saison. Il déconstruit les vers, car la saison est elle-même déconstruite. B. La forme poétique tient au fait qu'il s'adresse à la saison : Personnification de la saison - Ce poème est une apostrophe lyrique qui tourne à l'incantation, le tu désigne l'automne pauvre automne + v14. [...]
[...] Il y a une gradation décroissante d'un thème à l'autre. Par ce thème, il mineure les nixes et donc les femmes, il on peut penser qu'il règle ici ses comptes avec Annie Pleyden. Elles ne méritent pas le nom de femmes, ce ne sont que des naines, on voit bien ici la souffrance du poète. - Enfin on remarque l'insertion d'un thème de la modernité avec l'image du train qui est également une image d'instabilité : un train ne fait que passer. [...]
[...] La musique des accents, qui sont irréguliers, exprime un rythme impair. C. Le rythme - Tout dans ce court poème, c'est-à-dire la cadence, l'absence de ponctuation qui brouille la syntaxe, les assonances, le rythme des accents, montre l'incertitude et la tristesse de la saison évoquée avec qui le poète se sent en osmose. II. La part de tradition et d'originalité A. La part de tradition : la prédilection pour cette saison - Cette saison est l'un des motifs majeurs du registre lyrique et élégiaque cher aux romantiques. [...]
[...] La part d'originalité - Il y a un brouillage des images automnales, des temps et des lieux. On ne connaît pas la position du poète lorsqu'il écrit son poème, il est peut-être en Allemagne. Mais avec le train qui roule cela montre qu'il n'est que de passage. Il passe d'un futur prophétique, au futur antérieur puis au présent et au passé composé, ce qui provoque un brouillage des temps verbaux. - Avec la suppression de la ponctuation, on ne sait pas avec quel ver, un autre ver fait image, provoquant ainsi une confusion des images, un entrelacement, une sorte de chiasme des thèmes et des images qui traduisent une sorte de désordre de la saison auquel répond le désordre affectif du poète. [...]
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