1944, Commentaire stylistique, Aurélien, Louis Aragon, narrateur, personnage, roman, discours intérieur, pessimisme, mise en discours, stratégie narrative, figuration des actants, temporalité, structuration du récit
Aurélien est un roman qui s'inscrit dans un cycle romanesque en prises avec la modernité. Théâtre de rêveries sentimentales, il est le lieu de discours intérieurs qui retranscrivent bien souvent les pensées d'Aurélien, le personnage éponyme, qui vit l'histoire d'un amour impossible avec Bérénice qui est, elle, en quête d'absolu. En cela, le ton de l'oeuvre est majoritairement d'un pessimisme généralisé. On n'est pas sans remarquer dans Aurélien la singularité de la narration, qui n'a de cesse de brouiller ce qui appartient au narrateur et ce qui a trait à l'intériorité du personnage et qui nourrit des formes complexes de mise en discours.
[...] Bérénice est ainsi décrite grâce à une métaphore d'ordre comportemental plus que physique, ce qui n'est pas sans vouloir connoter une allure dominante et impérieuse chez Bérénice. Celle-ci est même transfigurée en félin, plus gros et puissant encore que l'image du chat, ce qui est stylistiquement marqué par le recours à des amplifications lexicales : « comme d'une jungle, d'une brousse », ou « ou plutôt d'un félin, plus noble, plus puissant » et l'antithèse que nous avons déjà relevée supra. Description anthropomorphique Dans un élan inverse à l'animalisation métaphorique du personnage de Bérénice, la ville de Paris trouve un traitement anthropomorphique. [...]
[...] L'extrait semble donc reposer sur un élan de diversion, un désert temporel dans lequel la description de Paris vient remplacer le propos principal animant les deux personnages. Structuration d'un récit en construction permanente Restitution des pensées Le roman d'Aragon trouve un traitement narratif particulier qui s'attache souvent à vouloir retranscrire les mouvements de pensées du personnage principal Aurélien. Le régime des paroles intérieures manifeste une écriture au bord de la conscience, d'un texte encore en train de se faire. Comme si l'écriture naissait et s'amplifiait dans un espace décrivant l'intérieur psychique du personnage. [...]
[...] Pour autant, ces questions ont une fonction illocutoire et ne font qu'attirer l'attention de celui-ci sur le personnage de Bérénice et ce à quoi il ressemble. Elles permettent d'introduire le dispositif de la métaphore filée qui sera déployée dans l'extrait pour la représenter. Mais le lecteur doit en cela interpréter et se figurer avant de connaître la source de l'interprétation. Structuration syntaxique Les ordres suprasyntagmatique et intrasyntagmatique sont sophistiqués dans ce passage. Aragon alterne entre différents régimes de constructions phrastiques. [...]
[...] Aurélien, chapitre XXXV - Louis Aragon (1944) - Une fusion entre narrateur et personnage Commentaire stylistique Introduction Aurélien est un roman qui s'inscrit dans un cycle romanesque en prises avec la modernité. Théâtre de rêveries sentimentales, il est le lieu de discours intérieurs qui retranscrivent bien souvent les pensées d'Aurélien, le personnage éponyme, qui vit l'histoire d'un amour impossible avec Bérénice qui est, elle, en quête d'absolu. En cela, le ton de l'œuvre est majoritairement d'un pessimisme généralisé. On n'est pas sans remarquer dans Aurélien la singularité de la narration, qui n'a de cesse de brouiller ce qui appartient au narrateur et ce qui a trait à l'intériorité du personnage et qui nourrit des formes complexes de mise en discours. [...]
[...] Conclusion Les processus narratifs de ce passage mêlent donc la voix du narrateur et du personnage, mais de manière assez subtile pour que les pensées et commentaires d'Aurélien soient complètement fondus dans le discours hétérodiégétique. Pour autant, la volonté perpétuelle d'amplifier le texte, par les différents procédés stylistiques, mais aussi les effets de correction permettent est au cœur du texte. C'est que l'écriture d'Aragon cherche systématiquement à donner à voir le processus de création, les associations cognitives et intellectives ainsi que les réflexions qui sont les fondements du psychisme humain, et ce, en cherchant à les capter et à les figer dans son œuvre. [...]
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