Composé à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle, "Aucassin et Nicolette" est le seul exemple parvenu jusqu'à nous du genre littéraire de la chantefable, qui joue sur tous les possibles narratifs avec des variations de tons et de registres. Cette œuvre séduit par son mélange étonnant entre poésie raffinée et scènes burlesques, entre respect des règles chevaleresques et épisodes parodiques de la chanson de geste.
Notre extrait commence alors qu'Aucassin, à l'orée de la forêt, a obtenu d'un pastoureau une information cruciale : Nicolette serait dans la forêt et l'attendrait pour s'enfuir avec lui. Aucassin décide donc de partir à sa recherche. Mais après une journée entière de recherche, ne trouvant pas sa douce amie, Aucassin pleure et se désespère. C'est alors qu'il rencontre un vilain.
[...] Aux pieds de l'homme on trouvait le lion, symbole de force et de majesté, aux pieds de la femme on trouve le lévrier blanc, symbole de fidélité et de pureté inaltérable. Ci-joint des photos du tombeau de François II de Bretagne et de sa femme Marguerite de Foix, avec des détails sur le lévrier. C'est une sculpture qui date de la renaissance, mais le lévrier aux pieds de la femme est un motif récurrent dans la statuaire funéraire médiévale. - Par ailleurs, Il y a une histoire d'une déesse celte, qui se transforme en lévrier pour poursuivre un jeune homme qui pourrait prendre la place de son fils. [...]
[...] Mais l'auteur de la chantefable cherche tout de même à se distinguer de son devancier : le portrait du bouvier n'est donc pas tout à fait identique, même s'il conserve l'ordre traditionnel : Chrétien empruntait ses comparaisons au règne animal (oreille d'éléphant, yeux de chouette, nez de chat, bouche de loup, dents de sanglier), son successeur, qui ajoute des éléments et en supprime d'autres, a joué surtout de la répétition de grand, avec des variantes 16 18 19 20 24). Il recourt également à deux comparaisons nouvelles, liées par les sonorités carbouclee l.16 et carbounee l.20). Parallèle entre les deux textes : Chevalier au lion Aucassin et Nicolette [ ] leiz et hideus a desmesure [ ] et merveillex et lais et hidex Einsi très leide criature [ ] si estoit apoiiés sor une grande maçue. [...]
[...] Mal dehait ait qui ja mais vos prisera, quant il n'a si rice home en ceste terre, se vos peres l'en mandoit dis u quinse u vint, qu'il ne les eust trop volentiers, et s'en esteroit trop liés. Mais je doi plorer et dol faire Non mais ! fit l'autre, par le cœur que Notre-Seigneur porta en sa poitrine, quoi ? vous avez pleuré pour un sale cabot ? A tous les diables qui jamais vous estimera, puisqu'il n'est en ce pays d'homme si puissant qui, si votre père lui demandait dix, quinze, vingt chiens, ne soit très heureux de les lui donner bien volontiers. Mais moi, j'ai de bonnes raisons de pleurer de d'être affligé. [...]
[...] Mais cette rencontre va lui permettre de se remettre en question, car confronté à plus malheureux que lui. Par ailleurs, le lévrier blanc métaphorique est un habile moyen de faire l'éloge de Nicolette : symbole de pureté, de fidélité, de force, de stabilité et de guérisseur, cet animal merveilleux se substitue à la fée, force bienveillante qui veille sur l'homme égaré. On pourrait voir dans le refus du conteur de faire de Nicolette une fée un refus d'entrée dans le merveilleux arthurien. [...]
[...] La seule langue noble et civilisée était la langue écrite qui fut pendant longtemps le latin, instrument de savoir et de pouvoir réservé à une élite. Même lorsque la littérature en langue romane s'imposera, les préjugés, solidement ancrés, demeureront. Dans une société où la maîtrise de la langue écrite est aussi discriminatoire, on comprend pourquoi l'abrutissement le plus total et l'ignorance la plus ténébreuse sont dévolus aux paysans. La troisième caractéristique du paysan dans les représentations littéraires et picturales, c'est sa noirceur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture