Agrippa d'Aubigné (1552-1630) est un poète et écrivain français baroque. Il est un fervent adepte de la religion réformée : le protestantisme. Il s'engage auprès des soldats protestants lors de la seconde guerre de religion (1567-1568) puis se rapproche du futur roi Henri IV, également calviniste. Le texte que nous étudions ici est extrait du recueil Les Tragiques publié en 1616. Composé de sept chants représentant les sept sceaux de l'Apocalypse, il mène de la terre au ciel tout en évoquant les visions d'horreur et de violence dont il est le témoin lors des guerres de religion. Comment le poète évoque-t-il dans ce passage l'impossibilité d'échapper au jugement divin ? Nous verrons dans une première partie qu'il dresse un réquisitoire virulent contre l'humanité puis qu'il annonce sa mise en accusation terrestre et divine.
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Le passage s'ouvre sur la contrainte exercée sur les animaux par l'homme. Les participes passés "acculés" (v.1) "à nez percés", "emmuselés" (v.2) nous les montrent comme des bêtes sauvages réduites à jouer les bêtes de cirque. Rappelons qu'entre le Moyen-âge et jusqu'au début du XX° siècle, dans les foires, des montreurs d'ours perçaient le naseau de l'animal pour le tenir en laisse et l'exhiber. La grande victime est la Nature personnifiée par la majuscule dont les ressources sont utilisées à des fins criminelles. Elle est détournée de sa fonction de vie comme le rappellent ses quatre éléments. Ainsi, nous devinons que le "feu" (v.6) sert d'arme ou d'objet incendiaire ; "l'air" (v.9) est empuanti par les corps en putréfaction suite à des batailles ; la terre est représentée par les "monts" (v.15) qui deviennent de dangereux "précipices" d'où l'on projette les victimes (v.16) et les "arbres" (v.17, 18), des "gibets" (v.19), instruments servant à la pendaison
. Enfin, l'eau présentée au pluriel au vers 13 est reprise par le nom "ruisseaux" (v.14) dont la couleur grise est décrite métaphoriquement par "l'argent gris" qui devient rouge "sang" (...)
[...] Il est un fervent adepte de la religion réformée : le protestantisme. Il s'engage auprès des soldats protestants lors de la seconde guerre de religion (1567-1568) puis se rapproche du futur roi Henri IV, également calviniste. Le texte que nous étudions ici est extrait du recueil Les Tragiques publié en 1616. Composé de sept chants représentant les sept sceaux de l'Apocalypse, il mène de la terre au ciel tout en évoquant les visions d'horreur et de violence dont il est le témoin lors des guerres de religion. [...]
[...] Enfin, l'eau présentée au pluriel au vers 13 est reprise par le nom ruisseaux (v.14) dont la couleur grise est décrite métaphoriquement par l'argent gris qui devient rouge sang La sonorité commune des mots argent et sang fait ressortir leur différence: l'argent symbolise la transparence donc la pureté et l'innocence, le sang évoque une mort violente. Le chiasme du dernier vers (arbres/gibets- délicieux/exécrables) résume le comportement destructeur des hommes. Le chaos, qui résulte des massacres, s'oppose aux éléments ordonnés du vers 7. Leur cruauté Au premier vers, le présentatif voici montre que les tyrans ont fait passer le monde de l'ordre au chaos. Les nombreux termes dépréciatifs rage tyrans (v.11), furieuses bêtes (v.11) et supplices (v.15), décrivent l'homme comme un monstre assoiffé de sang. [...]
[...] La punition divine Après la plaidoirie de la Nature, l'auteur annonce le châtiment de Dieu représenté par la périphrase Juge Saint (v. 10). Le titre de l'ultime partie du recueil Les Tragiques jugement fait référence au jugement dernier annoncé par la Bible. Les éléments, en employant le futur prophétique ? donne à leur propos un effet d'annonce aux accents évangéliques. L'heure du jugement dernier est proche et les hommes vont devoir rendre compte de leurs méfaits devant Dieu, revenu sur terre, pour condamner les pécheurs. [...]
[...] - Pourquoi, diront les eaux, Changeâtes-vous en sang l'argent de nos ruisseaux ? Les monts, qui ont ridé le front à vos supplices : Pourquoi nous avez-vous rendu vos précipices ? Pourquoi nous avez-vous, diront les arbres, faits D'arbres délicieux, exécrables gibets ? Un réquisitoire contre les hommes Les victimes des hommes Le passage s'ouvre sur la contrainte exercée sur les animaux par l'homme. Les participes passés acculés (v.1) à nez percés emmuselés (v.2) nous les montrent comme des bêtes sauvages réduites à jouer les bêtes de cirque. [...]
[...] nous explique que les feux (v.6) sont devenus des bourreaux (v.8) à cause des hommes. L'énumération de charognes, de pestes, des corps de vos meurtris (v. 12/13) présentée dans un rythme ternaire et une gradation descendante souligne que l'air est vicié par l'ampleur des pertes humaines tel un venin et une ordure (v.4). Le poète, témoin des guerres de religion, utilise des images frappantes, hyperboliques au sens littéraire, mais adaptées à la réalité des guerres entre catholiques et protestants qui ont provoqué de véritables massacres comme celui de la St Barthélémy le 24/08/1572. [...]
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