Rimbaud fut un homme pressé :
-pressé d'écrire (son oeuvre sera très courte : elle tient en un volume ; « Aube » qui fait partie du recueil Illuminations n'a pas été publié par Rimbaud qui était en Afrique en 1886 et avait arrêté d'écrire depuis plus de dix ans, mais par ses amis, notamment Verlaine),
-pressé de découvrir (il fera faire des bonds à la poésie et sera considéré comme l'initiateur de la poésie moderne ; par ailleurs, pendant son séjour en Afrique, il ne cessera demander à sa famille des livres de science et du matériel scientifique),
-pressé de vivre (il meurt à trente sept ans).
Le texte « Aube », dont nous montrerons comment il se rattache au genre poétique, est le reflet de ces ambitions et de cette impatience. Sous une forme allégorique, du passage de la nuit au jour, l'auteur nous révèle une nouvelle façon d'appréhender le monde.
II) Lecture du texte : points de vigilance
-faire sentir le découpage en sept strophes, bien que celles-ci soient de longueurs très différentes.
-respecter la ponctuation : Rimbaud n'a pas supprimé la ponctuation. Cette révolution poétique viendra avec Apollinaire, au début du XXème siècle. Rimbaud se sert encore de cet outil. Dans « Aube », mettre en valeur les virgules relativement nombreuses, les deux points avant « à la cime argentée ». Tenir compte, avec les points, de la longueur des phrases qui varie de très court (« L'eau était morte ») à très long (« A la grand'ville ...... je la chassais ») (...)
[...] l'accumulation d'images : personnifications : Une longue série de personnifications s'applique à la nature et montre sa prise de pouvoir sur le monde. au front des palais l'eau était morte les camps d'ombre ne quittaient pas les pierreries regardèrent une fleur qui me dit son nom j'ai senti un peu son immense corps comparaison : courant comme un mendiant sur les quais de marbre métaphores : la métaphore militaire les camps d'ombre qui indique la résistance à l'éveil ; la déesse métaphore de l'aube, utilisation d'un terme de majesté, de divinisation. [...]
[...] les effets rythmiques : -anaphores : la conjonction de coordination et cadence le texte et crée une continuité, une cohésion, comme un refrain. Elle unit d'abord deux substantifs et les pierreries / et les ailes puis deux verbes et courant / et j'ai senti -ruptures dans la construction des phrases : Dans la troisième strophe, le verbe d'état fut est éloigné de son attribut une fleur par un très long complément de lieu dans le sentier . blêmes éclats Dans la strophe suivante, la richesse de l'image à la cime argentée est mise en valeur par l'inversion du complément (placé avant le verbe), sans oublier que la nature de ce complément peut être double (s'agit-il d'un complément de lieu, d'un complément de manière, ou plutôt les deux le jeu des sonorités : Aux nasales qui évoquent une nature endormie Rien ne bougeait encore au front des palais. [...]
[...] Toutes ces images permettent au texte de s'éloigner du réel pour appréhender le rêve, thème dominant de ce poème. l'onirisme du texte : embrassé l'aube d'été = l'onirisme résulte du rapprochement d'un geste concret, d'une sensation tactile embrassé avec une réalité qui est impalpable (qu'on ne peut sentir au toucher), immatérielle l'aube c'est un découpage abstrait dans la continuité temporelle). -le caractère onirique provient aussi du moment où elle se réalise : il s'agit de la fin de la nuit rien ne bougeait encore était morte camps d'ombre d'un moment de passage, de transition. [...]
[...] On peut donc parier qu'un texte signé Rimbaud a de fortes chances d'appartenir à la poésie. La forme du texte -pas de versification : Un poème versifié se repère par trois notions : l'écriture en vers, le retour des rimes et le découpage en strophes. Formellement, Aube n'a pas une apparence poétique, contrairement aux premiers poèmes publiés par Rimbaud, dont plusieurs étaient des sonnets. Dans Aube pas de versification (ni vers, ni rimes), au moins en apparence. -mais un découpage en strophes : L'élément formel qui rattache Aube à la poésie, c'est le découpage en strophes. [...]
[...] Comment justifiez-vous que le texte de Rimbaud Aube appartient à la poésie ? Introduction Rimbaud fut un homme pressé : -pressé d'écrire (son œuvre sera très courte : elle tient en un volume ; Aube qui fait partie du recueil Illuminations n'a pas été publié par Rimbaud qui était en Afrique en 1886 et avait arrêté d'écrire depuis plus de dix ans, mais par ses amis, notamment Verlaine), -pressé de découvrir (il fera faire des bonds à la poésie et sera considéré comme l'initiateur de la poésie moderne ; par ailleurs, pendant son séjour en Afrique, il ne cessera demander à sa famille des livres de science et du matériel scientifique), -pressé de vivre (il meurt à trente sept ans). [...]
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