L'aube est un thème fréquent d'inspiration en poésie. Par exemple, chez Pétrarque, poète italien du XIVème siècle ; puis Du Bellay, auteur de La Pléiade, chante le lever d'une femme, alors comparée à l'aube, et même à une éclipse. Dans son recueil de poèmes en prose, Les Illuminations, Rimbaud écrit un court poème intitulé "Aube" dans lequel il retrace l'itinéraire du "je" poétique qui s'éveille et termine son cheminement par un acte d'amour (...)
[...] Cette forme du poème en prose est délibérément éclatée comme le montre bien tous les espaces entre les versets. Conclusion Représenter l'Aube qui, par essence, est fugace relève de l'impossible. L'aube ne peut donc se dire que par le biais du rêve et de la suggestion. En même temps ce poème suggère l'éveil du poète à une langue nouvelle (ce qui se traduit notamment par le choix d'écrire des poèmes en prose) : c'est une initiation qu'évoque l'itinéraire du poète qui métamorphose la réalité par des images par des images inédites. [...]
[...] Cette idée est renforcée par je la chassait Contenu de l'érudition du poète, cette référence mythologique est très certainement volontaire. Conclusion : Le texte semble évoquer la quête d'une femme puis son union avec le poète. Mais aussi, une quête initiatique ? Rimbaud insiste sur le dévoilement à ligne 11 (le substantif voile évoque tant la voile d'un bateau que le voile (nom masculin). De plus le voile est l'attribut de la divinité qui tente de se cacher ; c'est en même temps une invitation à soulever le voile pour découvrir la vérité. [...]
[...] Aube de Rimbaud (Les Illuminations) AUBE J'ai embrassé l'aube d'été. Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit. La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom. Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse. [...]
[...] De l'ombre à la lumière (aussi bien au sens propre que métaphorique) Les »ombres (ligne les éclats (ligne blond (ligne qui évoque l'or des cheveux de Phébus, étincelants de lumière. L'adjectif argentée à la ligne 10 et le substantif aube à la ligne 18 marquent une entrée progressive de la lumière, au sens propre. Au sens métaphorique, tout cela est à relié à illumination rimbaldienne. Le poète entre en rivalité avec l'aube, tous deux créateurs de lumière et de poésie. Le poète semble donc rivaliser avec Apollon même, dieux de la poésie et de la lumière. Le poète peut dès lors transfigurer la réalité. II) la transfiguration 1. [...]
[...] Ce que l'on appelle un vers blanc dans un poème en prose. Il s'agit donc d'un cheminement depuis l'immobilité, le sommeil, l'obscurcissement initial vers l'animation, le mouvement : J'ai marché réveiller vives qui est l'antonyme de mortes si l'on considère l'étymologie latine, se levèrent = verbe pronominal dont on trouve une occurrence à la ligne 11, agitant Conclusion : L'aube est le réveil de la nature et suscite l'éveil du sujet poétique, son énergie mais ce dynamisme, cette impulsion n'est-elle pas motivée par une quête plus ou moins consciente d'un absolu ? [...]
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