Athalie, Racine, tragédie, dramaturgie, conscience religieuse, bible, tragédie grecque, enseignement moral, sentiments
En 1691, Athalie fut l'ultime tragédie de Jean Racine. Cette tragédie biblique succéda à Esther et ne rencontra qu'un succès modéré, elle ne fut jouée que trois fois du vivant de Louis XIV. Inspirée de l'Ancien Testament, elle se déroule à Jérusalem. Elle reprend la narration au IXe siècle avant Jésus Christ, de l'histoire d'une reine Athalie, au culte païen qui règne et impose le culte de Baal. Par vengeance pour le massacre de ses parents et des prêtres de Baal, elle massacre ses petits-enfants qui sont les descendants du roi David, par qui naîtrait le Messie. L'un d'eux est sauvé et caché dans le temple de Jérusalem. C'est à cet épisode biblique qui voit la mort d'Athalie, la chute du culte de Baal et la consécration d'un nouveau roi de Juda, Joas, qu'est consacrée la pièce.
[...] Joad et Josabet parce qu'ils s'appuient sur une foi indéfectible échappent donc au sort tragique et sont maîtres de leur destinée. Cet enseignement didactique prend un caractère universel dans la poursuite du dialogue entre les époux. En effet, les personnages d'Abner, d'Obed et Amnon évoqués dans la suite de la scène sont la représentation de la diversité et de la versatilité des hommes à l'égard de Dieu. Tous les trois appartiennent pourtant au peuple de Juda, peuple choisi de Dieu pour annoncer la venue du messie mais se montrent incapables de trouver la voie divine. [...]
[...] Certes la reine impie meurt mais elle ne manque pas de prédire, comme un ultime défi à Dieu, la trahison du nouveau roi héritier de sang mais aussi héritier du mal. Joas en digne successeur d'Athalie se détournera de Dieu. La fin tragique et malheureuse est donc respectée. Cette pièce commandée par le roi pour les pensionnaires de Saint-Cyr reçut un accueil mitigé, victime de l'indignation moraliste pour le théâtre, pourtant Voltaire dira qu'« elle est peut-être le chef d'œuvre de l'esprit humain ». [...]
[...] Josabet cherche alors à évoquer deux lévites Obed et Amnon mais elle est interrompue par son mari car cette tentative semble relever plus du désespoir que de la raison : « De mon père sur eux les bienfaits répandus . » Obed est un personnage dont il est dit dans l'Ancien Testament que « Dieu l'avait béni » quant à Amnon, dans la Bible, il est le frère du roi Salomon. Ces deux personnages représentent ici la faiblesse humaine face aux richesses, la foi détournée et la trahison. [...]
[...] Cette superposition des statuts tragiques et biblique est mise en avant dans la réplique au vers 181 de Josabet : « Sait-il déjà son nom, et son noble destin ? ». La révélation de l'identité concerne donc deux ordres, celui de la filiation et celui de la foi. La tension tragique évolue et atteint son paroxysme lorsque Josabet exprime l'impasse de laquelle son neveu ne peut sortir. La construction des deux vers 185 et 186 traduit cette destinée tragique. D'abord, le « Hélas » au début du vers mais aussi l'anaphore de péril répété pour mieux insister à la fois sur la pitié et la crainte. [...]
[...] Ce premier mouvement s'achève donc sur l'exaltation à la fois du sentiment religieux et de la pitié mis au service de la tension tragique. II deuxième mouvement : Joas héros biblique mais pas tragique Joad fait redescendre cette tension et ses questions retentissent comme un reproche face à la plainte de Josabet vers 186 « Quoi ? Déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne ? ». Il montre ici son agacement et ne tolère ni le doute ni la faiblesse de son épouse qu'il rejette par ce questionnement rhétorique. [...]
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