Le chapitre XII est l'avant dernier du roman, une conclusion ouverte dans laquelle la déchéance de Gervaise culmine avec sa longue errance à travers Paris. C'est l'hiver, tout a été vendu ou est parti au Mont-de-Piété. Gervaise dort sur la paille et fait les poubelles. Elle se retrouve pratiquement à la rue, réduite à la mendicité.
De fait, dans cet extrait, elle se retrouve sur les boulevards au moment de la rentrée des ouvriers. Passage descriptif, il participe à la progression dramatique du récit, présentant un univers tragique, un espace oppressant animé par une foule sans âme. En fait, il s'agit là du reflet des angoisses de l'héroïne (...)
[...] II- Un milieu oppressant La notion d' écrasement Marginalisée, Gervaise se retrouve dans un milieu que les toponymes font ressentir comme oppressant (notamment Le boulevard Magenta et la rue du Faubourg-Poissonnière en lâchaient des bandes, essoufflées de la montée, lignes 12-13), suggérant la notion d'écrasement, mise en évidence par l'idée d'horizontalité de la première phrase (du large . le long) accentuée par la taille des arbres (des petits platanes). La vision des échappées d'avenues (ligne traduisant un espace resserré, confirme cette idée. Des lieux étouffants La focalisation interne permet au lecteur de vivre le malaise de Gervaise. [...]
[...] le verbe tomber (Gervaise, déjà lasse, tombait, ligne est le seul verbe dont Gervaise soit sujet. De plus, Zola joue sur la polysémie du terme, qui au-delà du sens imposé par le contexte arrivait par hasard suggère également s'effondre s'écroule En effet, la foule participe à la chute de l'héroïne, et l'adverbe déjà indique que Gervaise n'a plus la force d'affronter cette agitation . contrairement aux autres qui rentrent chez eux (la rentrée des ouvriers, ligne 10 ; qui rentraient vides, ligne Gervaise n'a plus de repères, errant sans but précis : elle est Perdue dans la cohue du large trottoir (ligne 1). [...]
[...] [ ] Émile Zola, L'Assommoir, chapitre XII (extrait 1). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Émile Zola (1840-1902) est un écrivain, journaliste et homme public français, considéré comme le chef de file du naturalisme. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, grande fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire, qui met en scène la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman. [...]
[...] Le crépuscule avait cette sale couleur jaune des crépuscules parisiens, une couleur qui donne envie de mourir tout de suite, tellement la vie des rues semble laide. L'heure devenait louche, les lointains se brouillaient d'une teinte boueuse. Gervaise, déjà lasse, tombait justement en 10 plein dans la rentrée des ouvriers. À cette heure, les dames en chapeau, les messieurs bien mis habitant les maisons neuves, étaient noyés au milieu du peuple, des processions d'hommes et de femmes encore blêmes de l'air vicié des ateliers. Le boulevard Magenta et la rue du Faubourg-Poissonnière en lâchaient des bandes, essoufflées de la montée. [...]
[...] Enfin cette phrase entamée par Le crépuscule contribue par sa longueur à souligner l'abandon et donne l'impression que Gervaise s'oublie dans la contemplation du boulevard. Conclusion En opposant la dérive individuelle de Gervaise au fleuve humain des ouvriers, cet extrait fait participer le lecteur au désespoir d'une marginale. Désormais, l'héroïne n'existe plus aux yeux des autres, soulignant une mort sociale qui anticipe et précipite la mort physique du chapitre suivant. [...]
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